DOMMAGE ET TRISTE – ET UN NOUVEL ORDRE POLITIQUE MONDIAL ?

Posté le 10 novembre, 2016 dans actu / news

La défaite d’Hillary est-elle le signe d’un nouvel ordre politique mondial – aux composantes hétéroclites et à suivre ? Puisque gagne le politiquement incorrect, quelques réflexions dans cette ligne. Tout plutôt qu’une femme : un noir quasi-non américain et allégué musulman en 2008, puis un raciste vulgaire misogyne et novice en 2016. En 2008, le message subliminal consensuel était qu’Hillary n’était encore que « femme de » Bill, ex-gouverneur et ex-président, nonobstant un CV remarquable comme le soutien apporté à la carrière de son homme. Et que ses sept ans au Sénat n’étaient pas suffisants, pour une femme. Obama n’avait été que quatre ans sénateur mais, charismatique et orateur magnifique, il incarnait un renouveau par rapport aux Clinton, et noir et homme. Le 8 novembre, le candidat le mieux qualifié de l’histoire a perdu contre le candidat le moins qualifié de l’histoire. Rien n’est assuré en politique, pas même sur ses compétences. Mais le candidat le mieux qualifié de l’histoire est une femme. Politicien démocrate doué et impétueux, Anthony Weiner a envoyé des photos de son caleçon gonflé à des femmes qu’il ne connaissait même pas, et ne sautait donc pas, par Twitter. Indignation, railleries et curie médiatique monstrueuse en boucle des semaines durant. Scandale et démission du Congrès, puis fiasco pour la mairie de New-York. Parce qu’un politicien de l’establishment politico-médiatique social-démocrate est soumis à ses règles. Donald Trump fait infiniment pire – sans dommage puisque son électorat, laissé pour compte de la social-démocratie bien-pensante, s’en fiche, femmes comprises. Mal pour un bien, cette campagne a montré sur ce point les limites des mauvaises querelles de moralité qui minent trop souvent la politique au détriment du fond. Rien n’exige l’avènement de seules personnalités acratopèges sans vices ni cahots.

La démocratie n’est pas la confiscation du pouvoir et des choix par des élites politiques, intellectuelles, ou des lobbies capitalistes. Elle comprend aussi les gens simples ou différents, leurs préoccupations, et personne ne pouvant décider de leur bien à leur place. De là, soit la politique n’arrive à convaincre et a un problème de com, comme l’UE, soit elle a un problème de fond. Le programme de Trump est atterrant et inquiétant, sa probable équipe de rares bras cassés et vieux cartons opportunistes l’ayant soutenu aussi, mais il a droit à sa chance. Témoin de cet effroi tout de même que 93% aient voté Hillary à Washington. Quant à elle, c’en est fini. Et quel dommage. Le sentiment de rejet de politiciens inamovibles est compréhensible. Mais Trump est plus vieux qu’elle et ce choix résulte du système. Injuste d’exiger d’une femme de faire ses classes et d’attendre son tour indéfiniment, puis de lui marquer de la lassitude. Hillary ne méritait pas d’être tant décriée et mal aimée. Elle a fait de la politique comme un homme : en manœuvrant, naviguant, persévérant, flattant. Mais avec le handicap d’une femme. Elle a acquis ses galons au Sénat et au Département d’Etat – où elle a été bonne et respectée. Du célèbre Wellesley College de filles, où son premier discours, dans une Amérique des sixties encore très machiste et raciste, laissait déjà présager un destin exceptionnel, à l’élection de mardi, elle se l’est donné par son intelligence, son abnégation et ses convictions. En politique le mérite ne vaut rien et l’aléa est toujours là. Dommage et triste – comme le dommage collatéral d’Huma Abedin, autre surdouée promise à grand destin, qui, après avoir été celui de son mari ledit Anthony Weiner, n’accèdera pas au staff présidentiel. En 2016 on préfère encore un homme qui dit n’importe quoi à une femme qualifiée.

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