AVOCAT FICHU METIER (SUITE) : NOEL – UN NOUVEAU SERMENT DE L’AVOCAT SOUS LE SAPIN ?

Posté le 20 décembre, 2015 dans avocats / advocacy

Entre la dinde et le foie gras, la grand-mère et le sapin, Noël est le temps d’une joie commandée, calendaire, institutionnelle, socio-culturelle. Le temps pour les avocats pratiquant un bien fichu métier de souffler un peu après avoir pété quelque dernier câble face à dieu sait quelle ineptie ou absurdité conforme à la loi. Et pour autant que de derniers greffes ou tribunaux chagrins n’aient pas juste rendu de décisions sujettes à des délais non-suspendus par les féries. Bref c’est le temps d’un peu d’élévation, de rétrospective et d’introspection. L’une des cérémonies solennelles du brevet d’avocat fut inspirante, raout liturgique lors duquel les frais émoulus brevetés viennent prendre leur papier des mains de notables après avoir, contraints au silence, dû subir x discours lénifiants sur les « devoirs » dont ce brevet les accable : honneur, dignité, conscience, indépendance et humanité, auxquels il faut ajouter le respect aux tribunaux et autres autorités, de ne pas avoir de personnalité offensante, etc. Tout cela semble très bien, urbain, consensuel, mais le problème est que cela au mieux ne mène pas loin, au pire représente l’incarnation d’un cadenas mental. Etre digne et respectueux, du côté du faible à la cause ou envers l’Etat, constitue souvent l’obligation de garder le sourire en perdant. Quant au respect des autorités et des tribunaux, il n’est naturel que s’il est mérité. S’il ne l’est pas, l’imposer par le serment est totalitaire. Et c’est la justice qui doit, vu la force de son glaive, avant tout autre, faire preuve d’humanité. Bref le serment pourrait, sous le sapin, être repensé. Visez un peu :

« Je jure ou je promets solennellement, d’exercer ma profession avec conviction, liberté, subversion, esprit critique, pugnacité et partialité, en en ayant le droit et sans devoir craindre ni contrainte, ni pressions, ni dépendance, ni controverse ; d’accorder aux tribunaux et aux autorités le respect qu’ils mériteront en en faisant preuve envers le justiciable et son défenseur ; de soutenir les causes qui me seront confiées dans le seul but de les faire prévaloir avec le droit intangible d’utiliser tout moyen licite à cette fin ; de ne jamais oublier que le monde est inégal et injuste et que dans chaque cause une partie est faible face à l’autre ou face à l’Etat et en souffre un désavantage ; de provoquer, bousculer et gêner l’ordre établi en tous ses biais et injustices et de ne jamais l’oublier ni renoncer ; de veiller à ce qu’aucune partie dont les intérêts me sont confiés ne soit indûment empêchée ou dissuadée d’entreprendre ou de poursuivre un procès ; de garder toujours une parole libre et de tenter de faire évoluer le droit et la jurisprudence lorsqu’ils sont injustes ou perfectibles. » Les discours de cérémonie solennelle du brevet en seront plus marrants, moins convenus, et le monde meilleur et plus libre. Les frais émoulus prendront mieux conscience que le rôle qu’ils ont à jouer est essentiel dans la société et n’est pas consensuel mais nécessairement dans l’altérité et l’opposition. Et surtout, comme le disait Brian Mukasey, l’avocat qui évite la controverse ne sert ni son client ni la justice ni les autorités ni le monde. Joyeux Noël ya du boulot !

 

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