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BITCOIN ET SAINT-AMANS

L’OCDE a implicitement confirmé à Revolawtion une révélation du Temps sous la plume de Philippe Nantermod : Pascal Saint-Amans ne paie pas d’impôts directs. Or il n’habite pas à Panama, Nassau ou Monaco, mais à Paris. L’information n’en serait-elle pas une dès lors que la déduction pouvait être faite depuis longtemps – vu son statut, effectivement, de fonctionnaire international ? Peut-être – mais désormais elle est faite. Ce qui aurait dû lui valoir de figurer dans le précédent post au chapitre du « faites-ce que je dis, pas ce que je fais ». Cette situation est inacceptable à plusieurs titres. Comment dénoncer, c’est-à-dire sur le plan moral, des juridictions à fiscalité privilégiée, sans avoir soi-même le problème moral de bénéficier d’un tel privilège ? Comment dénoncer les évadés fiscaux – lorsque l’on bénéficie soi-même d’un privilège qui mène au même résultat comptable ? Comment disposer d’une légitimité, personnelle ou institutionnelle, pour le faire ? Et comment être simplement crédible ? Cette situation est choquante – et cela suffit au plan public. Saint-Amans doit démissionner. Qu’il s’agisse d’un statut attaché à l’OCDE, et donc aussi aux fonctionnaires en charge de la fiscalité, ne sera pas une réponse. Le bitcoin s’envole – sur fond de divers facteurs.  

Celui du jour est la cotation de produits dérivés sur celui-ci au Chicago Mercantile Exchange. Or cela est logique : le bitcoin n’est pas une monnaie. Il n’a de valeur qu’en fonction d’une offre et d’une demande de ceux qui en ont besoin pour quelque chose, ou qui la lui confèrent. C’est donc bien une commodity, digitale, virtuelle, au contraire du charbon ou des oranges. Avec toutes ses conséquences. Le bitcoin va-t-il s’effondrer ou flamber ? Le nombre de personnes n’en ayant pas encore et souhaitant soit l’utiliser, soit spéculer, est tellement supérieur à celui des personnes qui en possèdent que la demande, et donc le potentiel de hausse, demeure considérable. Elle contiendra probablement le risque d’un effondrement résultant des attaques qu’il subira, sauf à ce que l’une d’elle, de fait ou de droit, lui soit fatale. Un front fiscal ? Certainement pas exclu – puisque la fiscalité du bitcoin, ou plutôt la déclaration de la valeur de ses bitcoins, est problématique. Nombre, probablement une majorité des possesseurs, ne l’ont pas fait et se retrouvent coincés par une taxation des gains en capital dans les systèmes qui le connaissent. Ou par d’autres impôts. Et le seront tôt ou tard par les contrôles que les Etats imposeront, sinon encore dans le système lui-même, à ses points d’échange avec une monnaie ayant cours légal. Là et pendant ce temps se mesurera le potentiel véritablement libertaire du bitcoin, via tous ceux voudront ou seront contraints de n’utiliser que des bitcoins comme moyen de paiement. C’est peut-être cette bataille-là qui sera décisive : quand la forteresse sera assiégée à tous ses points d’entrée.