C’EST PAS UN PROBLEME SI J’AI RIEN A CACHER – ET POURQUOI IL FAUT ALLER VOIR LE FILM

Posté le 6 novembre, 2016 dans actu / news

Cette phrase est la plus dangereuse qui soit pour nos démocraties et Etats de droit. Et non pas le crime ou les atteintes à la sécurité que ceux qui l’emploient prétendent vouloir prévenir. Il faut tenir bon et se battre – toujours. Parce qu’elle justifie que l’Etat surveille et in fine sache tout de chacun, ou le puisse, ce qui est la définition propre de l’autoritarisme – même en habits de ville. Et que s’y plier, volontairement ou contraints, est un affaissement des droits fondamentaux, qui mène à la fin de la liberté individuelle. L’étape suivante, envers celui qui est scruté sans qu’il n’existe de soupçon qui le permette, parce que cela est acceptable pour le bien sécuritaire de tous, vu qu’il n’a rien à cacher, est le renversement du fardeau de la preuve. Prouve que tu n’est pas délinquant, terroriste, d’où vient ton argent. Si tu n’as rien fait de mal, tu peux le prouver. Ce qui entraine à son tour la fin de la présomption d’innocence. Et donc de la liberté. Or chacun est en permanence à trois contacts d’une personne qui a quelque chose à se reprocher. Ce qui est la porte ouverte à tous les prétextes d’investigation et à l’impossibilité d’apporter une preuve négative. Le monde est alors foutu, autoritaire, arbitraire, totalitaire. Simpliste ? Ridicule ou exagéré par les garde-fous juridiques qui existent ? Non car l’histoire récente, même dans les grandes démocraties, montre qu’ils faillissent parfois, par faiblesse, connivence ou simplement dysfonctionnement. Et que la tentation de s’affranchir des règles pour traquer le mal sur un a priori, de faire un mal pour un – prétendu – bien, a toujours existé. Et qu’elle existe encore quand un serviteur de l’Etat pense être investi d’un cas dans lequel la fin justifie les moyens, c’est-à-dire souvent.

De là, impératif d’aller voir le film « SNOWDEN ». Comme il l’était de voir le documentaire original de Laura Poitras « Citizenfour ». La critique du film n’importe – pour une fois. C’est l’histoire, le rappel cinématographique d’une histoire cruciale. Qu’Oliver Stone la fasse vivre et voir par un encore plus grand public. Il est nauséeux de (re)voir en panavision des généraux et chefs d’agences fédérales mentir au Congrès – sur ce même présupposé d’un intérêt tellement supérieur de la nation qu’il imposerait de mentir à ceux qu’ils sont censés protéger. Nauséeux de revoir la mise en place secrète de cette informatique de réseaux, géniale et qui combat les mêmes agissements d’autres Etats, mais appréhende tout un chacun – dans ces Etats mais surtout chez soi. Nauséeux de voir ce monde brutal et narquois, fondé sur la défiance, parce que militaire, du renseignement. Nauséeux de découvrir l’existence de tribunaux secrets, censés être ces garde-fous, mais qui étaient des béni-oui-ouis, et la publicité de la justice étant la seule garantie philosophique et concrète de son bon fonctionnement – étant une concession du Prince à la Révolution. Il y a mille choses à dire de Snowden, de sa démarche, de sa manière, du « problème » de lancer seul l’alerte, à sa seule discrétion, dans un système régi malgré tout par le droit. Mais impossible de nier que ce qu’il a fait était utile, a révélé des faits cachés et qui importent, a entrainé un vrai débat de société – qui était donc légitime. La seule question suivante est de savoir si Obama aura le courage de le gracier. Il le devrait. Ce serait un geste symbolique, magnifique et historique. Appuyez-le ici.

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