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GILETS JAUNES ET LES WHISTLEBLOWERS POUR REMPLACER LES « 3% D’EMMERDEURS » DU COMPLIANCE ?

Les gilets jaunes ne manifestent pas non plus, ils exercent une contrainte contre la population – et la méthode n’est donc pas honorable. Ce mouvement est intéressant toutefois s’il regroupe vraiment des mécontents hors des colorations politiques. Mais mécontents de quoi ? Si c’est de l’action du gouvernement en général, la hausse de la taxe sur les carburants est un prétexte, et la manoeuvre est dévoyée. Si c’est de la hausse de la taxe, c’est l’expression contre cette taxe-là, qui est le catalyseur mais cela aurait pu être une autre, d’un ras-le-bol contre l’augmentation constante, et contre l’excès, des prélèvements de l’Etat. Cela rappelle que la fiscalité est un empilage partisan – et que chacun a de bonnes raisons de protester contre l’augmentation des taxes qui le touchent, ou contre le fait de ne pas augmenter celles qui touchent les autres. Cela rappelle que l’Etat ne peut pas indéfiniment augmenter la ponction du revenu dans un modèle fiscal fondé sur la taxation du travail et prélevant une fraction du PIB. Le modèle est à bout – ce que, in fine, les gilets jaunes rappellent. Et tant qu’il n’y aura pas de réflexion de fond sur la fiscalité, et qu’elle continuera à amputer une telle part du revenu du travail des actifs, il y aura régulièrement des gilets jaunes.

Enfin un article dans la presse pour stigmatiser une société qui crée une caste de contrôleurs de procédures elles-mêmes discutables. Ces procédures et leurs procédures de contrôle sont nuisibles économiquement, et leur utilité, leur efficacité et leur moralité sont discutables. Bref, sous le titre racoleur mais parlant de 3% d’emmerdeurs [1], enfin un contrepied rafraîchissant ! Certes la discussion est-elle plus complexe, mais la réflexion de fond est juste : chacun n’est-il pas le mieux placé pour être son propre compliance officer, plutôt que de dépendre d’un garde-chiourme et donc de démissionner de ses responsabilités en faveur de celui-ci ? Et, réflexion que m’inspire la précédente : et si le whistleblower n’était-il pas le futur remplaçant du compliance officer ? Mais le whistleblower, c’est autrui – et donc aussi un garde-chiourme ? Est-ce remplacer un climat de délation par un autre ? Ou ré-envisager que ceux qui opèrent soient les garde-fous, avec un contrôle, cette fois vertueux, par leurs pairs ? Les opérateurs, les commerciaux sont-ils par définition crédules, enclins au risque ou aveuglés par le business ? Redeviendront-ils attentifs s’ils sont sanctionnés s’ils ferment les yeux sur des soupçons – plutôt que de s’en être déchargés sur autrui ? Sont-ils équipés pour s’auto-contrôler ? En tout cas le modèle actuel des 3% d’emmerdeurs est-il mauvais et à revoir : avec respectivement 43 et 19 banques suisses concernées par les enquêtes Petrobras et Câmbio Desligo, mais le constat est le même pour 1MDB et autres, il est inapte à atteindre son but tout en étant coûteux et moralement délétère.