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How Powerpoint Makes You Stupid – et bonnes vacances le LawThinkTankBlog revient dans trois semaines

Les conférences et séminaires juridiques en regorgent désormais : présentations Powerpoint avec en grand le logo de l’Etude (ou de la chaire…) de l’orateur, plus ou moins de sophistication dans l’usage des fonctionnalités, et plus ou moins d’utilité de l’outil et de son contenu. Les puristes regrettent une présentation ex-cathedra à l’ancienne structurée, claire, efficace et si possible captivante – sur les qualités de l’orateur. Avec au pire les anciens « transparents » s’il posait des références à l’écran. Avec Powerpoint il y a à boire et à manger – et souvent pour le pire : des flèches et plans graphiques successifs moches et réducteurs, une réduction/simplification/dilution du contenu, un orateur qui passe de son texte à son écran avec confusion, qui oublie de tourner les pages sans fée clochette ou ne sait pas le faire et bafouille en s’excusant, n’a pas réellement pensé à si son Powerpoint devait exposer son fil rouge, son plan, du contenu, des citations, des références. Bref, un outil destructeur de qualité didactique – plutôt que l’inverse. Constat sévère que le praticien-auditeur vérifie hélas souvent. Une explication est sûrement que l’outil est simplement mauvais parce que c’est une création militaire – mais certains se sont penchés plus sérieusement sur cette question comme Franck Frommer avec un ouvrage sous exactement ce titre « How Powerpoint Makes You Stupid » [1].

Pour Frommer qui l’a étudié à fond, ce programme présente une utilité et un potentiel. Il est flexible et facile d’accès : 500 millions de personnes l’utilisent. C’est-là toutefois un premier aspect du problème quand un seul programme, une seule approche infiltre des présentations publiques dans un champ aussi vaste que l’armée, l’école, les administrations, l’économie privée et, pour nous, le droit, dans littéralement le monde entier. Car au contraire de Word ou d’Excel, Powerpoint n’est pas une simple interface mais une architecture. Sous le couvert de cette accessibilité, Powerpoint transforme ainsi pour lui, et pas pour le mieux, le mode lui-même de la communication par présentation. Powerpoint permet de donner de la force visuelle à un raisonnement décomposé et reconstruit selon sa logique interne et graphique, mais force qu’il n’a pas nécessairement et cela dans une logique et causalité déstructurées pour entrer dans son moule. Ses termes sont sévères : dumbing-down of society, corruption of language, decontextualized data, faulty causality et l’obsession – réductrice s’il en est – des bullet-points. Après ce livre rien ne sera plus jamais pareil à la prochaine conférence juridique – dont la qualité est résolument très variable. Et avec la nostalgie de ceux qui s’en sortaient sans. Bonnes vacances !