HOW TO GET AWAY WITH…

Posté le 17 septembre, 2021 dans droit / law

… not murder – laissons cela à Annalise Keating. Nous connaissons tous, personnellement ou professionnellement, des personnes qui trichent. Qui magouillent à des degrés divers. De la petite entorse à un règlement, ou à une convenance, à de la fraude véritable. Combien de fois l’avocat n’entend-il pas : mais, Maître, tout le monde le fait ! Ceci n’est pas une révélation et il est intéressant de savoir comment une personne prend la décision morale de tricher. Ce qui intéresse plus particulièrement est la construction du sentiment qu’elle ne se fera pas attraper, qu’elle va get away with it.

Ce sentiment peut être réaliste – ou pas. La conscience de la violation d’une règle induit, normalement, un stress, une angoisse. Puis vient le constat de ce que l’on ne s’est pas fait prendre. Qui se double de l’espoir de ne pas être pris et des justifications, plus ou moins honnêtes, de l’entorse, tous deux mécanisme de défense. Puis celui, plus large, que, dans une société libre et ouverte, il y a une possibilité de violer les règles et les convenances sans être nécessairement pris. Parce que le système repose sur l’adhésion plus que sur le contrôle. Alors on triche. Une fois, puis deux, puis plusieurs. On paie des dessous de table, on touche des rétrocommissions, on ne déclare pas ce qu’on devrait au fisc, à sa famille, à ses associés en affaires. Et s’installe la double perception, évidement fausse en termes de prévalence, que « tout le monde le fait » et que l’on serait bête de ne pas, qu’on serait le perdant, la « victime », de ne pas.

Alors se crée, lorsqu’on ne triche pas, au lieu d’une satisfaction morale, du ressentiment, ressentiment qui se renouvellera quand on sera pris. Pourquoi moi, c’est injuste – puisque tout le monde le fait ? Ce qui n’est naturellement pas vrai – mais permettra au tricheur, mécanisme de défense, de se considérer victime. Alors des gens au départ honorables se retrouvent à faire des faux dans les titres, frauder leur assurance, rouler leurs contreparties. Au motif d’une justification subjective fausse. Ce qu’ils n’auront pas vu, c’est que tout le monde voyait bien qu’ils trichaient. Et qu’ils seront lâchés lorsqu’ils seront pris. Souvent cela alimentera le ressentiment, plutôt que l’introspection. Tous ne tombent pas. Mais beaucoup sont tout de même rattrapés un jour. Étonnant mécanisme de penser qu’on va toujours get away with it.

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