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IMPOSSIBLE DE NE PAS EN PARLER – ET OÙ SE SITUE LE SALUT MORAL DE LA DÉMOCRATIE ?

Impossible de ne pas parler de l’affaire Maudet – puisqu’elle est publique et que Genève a rejoint le cercle peu convoité des collectivités menées par un politicien inculpé. Étonnant que le débat ait été à ce point simpliste. Par la force de la sémantique de Maudet animal politique ? Le voyage à Abu Dhabi n’a rien coûté au contribuable ? La question n’est pas là – mais celle de recevoir des avantages, pour violer, ou accomplir, les devoirs de sa charge. Un corrompu ne « coûte » jamais rien, en tout cas directement, au contribuable. Étonnant qu’aucun cas ne soit fait de l’entrave à la justice, qui est pourtant le plus grave, même gravissime de la part d’un magistrat qui plus est de tutelle de la justice et police. Et il y a le reste. Maudet est-il dans le déni, le calcul ou le fantasme de toute puissance ? Peu importe – il fait honte et ne peut plus être cru sur quoi que ce soit. Le parti lui a accordé sa confiance ? Il aura l’air de quoi le parti s’il est condamné ? Celui de la complicité, du calcul politique et de l’absence de scrupules, pas de la bonté d’âme. Bref, de la laideur morale. Il a l’air de quoi le parti qui lui accorde sa confiance ? – alors que Maudet avait dit qu’un vote négatif ne le lierait de toute manière pas. Maudet tape aux portes qui l’arrangent, agit égoïstement – tout en ayant bénéficié toute sa carrière du parti, et maintenant le sait-on, de prébendes. Maudet dit ne pas rester pour la rente plus élevée qu’il touchera s’il est encore en poste en juin ? Impossible désormais de le croire. Pense-t-il qu’un bilan politique par hypothèse favorable le sauvera s’il est condamné légèrement avec sursis dans un ou deux ans ? Ou lui permettra de sortir alors la tête haute ? Mais il n’a plus les coudées franches ni aucun respect politique hors de la moitié à peine de son parti – qu’il a détruit.

Les situations sont dissemblables mais l’attrait des peuples pour des riches ou puissants au double-langage qui ne roulent même pas pour eux est étonnant. Trump tombe chaque jour plus bas – et c’était difficile. Sans aller jusqu’aux mafieux devenus ministres dans les Balkans, ou aux sociétés de prévarication oligarchique et totalitaires comme en ex-Union Soviétique, les Orban, Bolsonaro ou autres Salvini ne prêchent pas simplement une doctrine libérale à laquelle on peut adhérer ou non, mais qui demeurerait honorable. Par une amoralité, par un manque d’intégrité n’ayant rien à voir avec le parler franc, ils affaiblissent l’État de droit et la démocratie – tout en en ayant bénéficié. La politique est le reflet d’une société et incarne ses turpitudes. Le jeu de ces tensions et équilibres est permanent. Et il y a des clivages générationnels et de genre. Qui ou quoi fera-t-il repartir le balancier dans l’autre sens ? En vrac, les femmes, les jeunes, la transparence, l’éducation et l’exigence d’un État de droit. Qui incarne le mieux aujourd’hui ces valeurs sociales-démocrates ? Eh bien c’est l’UE. La Pologne, la Hongrie, la Bulgarie, l’Italie, le Brexit sont des accrocs inévitables – émanant de personnes qui ne réalisent pas ce qu’elle leur a apporté. L’UE a toujours un problème de com – mais est aujourd’hui une des grandes collectivités dont les autorités font preuve d’intégrité, d’honorabilité, de cohérence et de cohésion. Les manichéens rétorquent que l’UE a des problèmes, des défauts et que certains aspects historiques de sa fondation sont critiquables ? Sur l’ensemble de son bilan, ils ont largement tort. Cela fera mal à beaucoup d’admettre que le salut politique viendra de l’UE – mais c’est bien ce qui pourrait se passer.