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Joies et vertus du sport : La cagnotte et les primes des Saint Louis Saints (!) pour blesser l’adversaire

Le sport est à l’image de la société – avec toutes ses vicissitudes. Vertus et esprit sportif, belles performances et émotions, mais aussi drogue, dopage, violence, paris truqués, corruption, instrumentalisation politique ou nationaliste, etc. Sont en mémoire au titres des pires exemples parmi d’autres la blessure infligée à la patineuse Nancy Kerrigan par le mari de sa rivale Tonya Harding en vue des Jeux de 1994, la morsure à l’oreille de Holyfield par Tyson en 1997, l’accident provoqué de Piquet en 2008 en Formule 1, etc. Aux Etats-Unis, l’équipe, le head coach, d’autres techniciens et entre 22 et 27 joueurs des New Orleans Saints sont punis ou visés disciplinairement pour avoir monté un système de cagnotte et de primes aux joueurs arrivant à blesser physiquement l’adversaire (cf. ici [1], ici [2], ici [3] et avec vidéos). Les « peines » vont de six matches de suspension à une saison pour le head coach Sean Payton à une suspension à vie pour le coordinateur ayant monté ce système, plus une amende de $500’000 pour le club et une pénalité de tirage. Les sanctions contre les joueurs impliqués sont à venir. Des charges pénales sont-elles envisageables ? Apparemment pas [4] selon certains médias, mais tout de même l’association des joueurs a-t-elle mandaté des avocats [5] dans cette éventualité.

Il est toujours intéressant de lire les commentaires de presse de boulevard et autres blogs de fans. La mentalité selon laquelle le sport est hors du droit est toujours bien présente. Les commentaires vont du pas grave c’est un sport brutal anyway à celui de laisser les autorités sportives uniquement régler ces problèmes aux théories de la conspiration et au ils ne risquent rien vu que l’intention n’est pas prouvable. Bref le niveau zéro du droit et du raisonnement – alors que nombre d’infractions qui doivent être poursuivies d’office sont en cause dont : lésions corporelles et mise en danger de la vie d’autrui volontaires, escroquerie envers le public qui a payé son billet pour assister à un match dont le déroulement et le résultat ne soient faussés par des violations volontaires des règles de jeu et la commission d’infractions pénales, contrainte envers ceux des joueurs amenés à y participer alors qu’ils s’en seraient abstenus sans la pression du groupe, etc. Et des actions civiles importantes de la part des clubs, sponsors et assurances des joueurs ainsi blessés, avec des possibilités de dommages intérêts très importants en dépit de problèmes de causalité. Bref, tout cela n’est pas reluisant – mais pris en main par la ligue professionnelle privée qu’est la NFL, que ces sanctions soient considérées sévères ou non.

Le sport est décidément curieux. Les footballeurs trichent avec le chronomètre, simulent en permanence, se roulent par terre à la moindre pichenette – alors qu’à la même à la porte d’un dancing ils resteraient sur leurs pieds et casseraient la gueule à leur adversaire. Ou provoquent verbalement et physiquement pour saper le jeu de l’adversaire direct, de leur fait ou que ce soit une stratégie voulue par l’entraîneur pour annihiler tel ou tel joueur adverse. L’affaire des Saints est un cran au dessus mais rappelle que Rollerball [6] n’est jamais loin, non que ce film soit prémonitoire mais qu’il serve simplement à rappeler des excès qui surviennent encore hélas régulièrement.