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LA DEBILE CONDAMNATION DE CAHUZAC ET LES METHODES DE L’ARMEE POUR L’AVOCAT

La condamnation de Cahuzac à trois ans de prison est débile. Soit méchante, hypocrite et manichéenne. Car c’est davantage le mensonge que la fraude qui est puni – au-delà des régularisation et pénalités. Il a menti ? Et alors ? Tous les politiciens mentent. Sur leur programme et leurs promesses, qu’ils savent intenables. Sur le financement de leurs campagnes. Sur le marchandage et les objectifs occultes, et donc la prévarication, des mesures qu’ils prennent. Le point n’est pas de légitimer des comportements qui sont mauvais, mais les mauvaises réponses qui y sont apportées sélectivement. Cahuzac s’est retrouvé scotché avec un mensonge, une parcelle de passé qui n’avait plus de porte de sortie, et encore moins, pire débol, en plein contre-emploi de son poste. Et cette condamnation massue éliminant tout ce qu’il a accompli. La condamnation de la banque et du banquier procèdent du même astigmatisme : il faudrait poursuivre des milliers de banquiers et intermédiaires qui ont servi des clients français à Londres, aux Bahamas, à Jersey, en Suisse, etc. Ce qui montre bien que le problème n’est pas là et dont ce n’est ni la faute ni le fait si leurs clients ne payaient pas tous leurs impôts. Réprimer la fraude fiscale à l’emporte-pièce et par des « exemples », c’est ne pas vouloir voir les causes – ce qui est une faute. Aucune banque française n’a d’ailleurs jamais été poursuivie pour ses filiales ayant fait commerce des nationaux pendant des décennies. La justice fait sociétalement fausse route lorsqu’elle est politiquement hypocritement sélective, qu’elle hypertrophie la morale et la marie à trop de sévérité. Comme la condamnation à un an ferme d’une pauvre femme qui s’était faussement prétendue victime des attentats de Paris pour toucher 10’000 euros. Dans le panorama des turpitudes punies ou précisément impunies, ce ne sont pas là de bonnes réponses. Et condamner sévèrement le ministre parce qu’on condamne sévèrement le pauvre type qui braque un bancomat est une double mauvaise réponse.  

Plus amusant, lu dans la Revue de l’Avocat 6/7 2016 un long article d’Emmanuel Kilchenmann/Stefan Bérard sous le titre « Similitudes entre les outils militaires pour l’aide à la prise de décision et la pratique du métier d’avocat », vantant donc l’apport de l’organisation militaire à la gestion d’une Etude et à l’activité de l’avocat ! Si l’armée suisse était efficace, cela se saurait. Ce texte sur près de 20 colonnes, illustré de trois graphiques dont un enfant de dix ans trouverait déjà qu’ils ne veulent rien dire, ferait une page s’il avait été écrit par un non-militaire. Réjouissons-nous pour ces confrères : lever prêt ceinture à l’heure à 5h du mat’ et rien à faire jusqu’à 9h, achat systématique des matériels les plus chers et les moins bons, cécité informatique, budget linéaire par principe à dépenser obligatoirement pour ne pas le perdre. Et, pire, aucune inclusion des subalternes dans la moindre réflexion matérielle, limitation des responsabilités et initiatives individuelles, chaîne de rapport verticale lente et empâtée. Ca va pas rigoler… Heureusement que l’avocat peut tout de même être efficace et organisé sans l’apport de la seule configuration sociale dans laquelle l’homme n’est pas plus intelligent à plusieurs que seul. A une époque à laquelle l’avocat doit être concis, identifier directement l’essentiel, par des outils de recherche utilisés avec souplesse et intelligence situationnelle juridique, et plaider ciblé, le client sera pendu dix fois et ruiné par le time-sheet le temps que l’avocat militaire arrive à  sa conclusion après être passé par toutes les étapes de son plan via la définition de la mission, les lignes directrices, le milieu (l’espace aux niveaux stratégique et opératif) et les données d’ordre. Présent compris. Au moins on lève le coude dès 17h parce que la Konvivialité, c’est essentiel pour la Kohésion. MDR