L’avènement des perceptions fausses, rapides ou simplistes surprendra toujours. Les États-Unis se retirent d’Afghanistan et tout le monde de s’émouvoir. A toute chose malheur étant bon, cela éclipse enfin et momentanément les news inutilement quotidiennes et anxiogènes sur le Covid. Mais critiquer Biden pour cela est piquant vu que la décision a été prise par… Trump, et que comme pour tant d’autres choses, il s’agit d’une bonne décision politique en réalité inscrite dans la continuité et totalement bipartisane. En tout cas Biden est-il, lui, cohérent [1].
Cela n’illustre ainsi que l’avidité à se saisir de tout événement pour critiquer l’autre camp – en toute incohérence. Il n’y avait aucun sens à poursuivre une occupation qui aura coûté (outre les milliers de vies humaines) un trillion de dollars, et sans aucune illusion de réformer un pays en y laissant 3’000 hommes sine die. Quant à ceux qui se réveillent pour les « femmes afghanes », ils ont été bien muets pendant ces vingt ans – et alors que l’occupation ne coûtait qu’aux Américains. Après quarante ans d’occupation soviétique et américaine, c’est aux Afghans de régler cela. Et à ceux qui s’expriment sans recul de lire cet édito réaliste et optimiste du NYT [2].
Autre croyance fausse – celle que la droite est bénéfique pour l’économie (et que la gauche la bride, la ponctionne et la flingue). Aux États-Unis – encore – les présidents démocrates ont constamment fait mieux sur ce plan que les présidents républicains (analyse de Paul Krugman dans le NYT [3]). Et le message de la droite que la transition écologique doit ménager le fossile est fausse et déceptive également (ce que rappelle le même Paul Krugman [4]). C’est aux États-Unis ? La droite suisse tient le même langage, peut-être pas aussi négationniste, mais aux mêmes effets désastreux pour le climat par le retard imposé pour ménager l’économie. A suivre – car le combat continue.