L’ETRANGE AFFAIRE GHOSN – ET ETRANGE JAPON JUDICIAIRE ??

Posté le 8 janvier, 2019 dans actu / news

Etrange affaire. Carlos Ghosn a été condamné sur la place publique en deux temps trois mouvements, sur la foi de dépêches de presse lacunaires, simplistes et manichéennes. Soit, en l’absence ou en amont de toute forme de procès. Le monde entier s’est offusqué et a glosé de ses prébendes – comment un grand patron emblématique tant payé a-t-il pu vilement tricher ? Honte à lui. Or la réalité frappe en réalité. Impossible d’identifier dans la presse, qui s’empresse de rapporter mais sans s’embarrasser ou vouloir/pouvoir les trouver, les vrais faits, précis, expliqués, de ce dont il est accusé. Peu n’importe pas – parce qu’il serait riche, tricheur ou méprisable. Si le monde est devenu un village global pour les affaires, le commerce, alors il doit l’être pour la chose judiciaire. Et, s’il y a lieu, exposer les problèmes posés par le système judiciaire japonais. Selon la presse, relatant son fils, de manière à nouveau peut-être simplifiée sinon simpliste, il lui serait demandé de signer des aveux pour pouvoir sortir de détention préventive. Si tel est le cas, c’est évidemment inadmissible. Même si, ne nous leurrons pas, des procureurs le font, implicitement ou non, dans de nombreux autres pays et de manière tout aussi problématique.

Il a demandé une audience pour se faire expliquer les charges et se défendre – et il semble que cela soit… exceptionnel. A cela s’ajoute que dans le monde asiatique, les hiérarchies morales, officielles et sociétales sont autant de freins à la transparence et à l’introspection. Perdre la face est plus grave que tout au point que l’appareil l’empêche souvent – au détriment du droit et d’un examen judiciaire matériel effectif et concret. La présomption d’innocence y existe-t-elle, ou y est-elle consacrée dans les faits ? Peut-être pas si le chiffre lu que 97% des inculpés sont condamnés est véridique. Faut-il ignorer les déboires ou les atteintes aux droits d’un puissant ? Non. Car s’il faut dénoncer les inégalités de traitement « selon que vous serez puissant ou misérable », selon cette expression consacrée, la violation médiatisée des droits d’un puissant rappelle à l’esprit celle non-médiatisée que subissent des milliers de misérables, dans des pays qui ne sont pas, ou qui sont, des Etats de droit. A suivre – sans conclusion hâtive, sinon celle que la justice japonaise et les médias gagneraient infiniment, comme toujours, à la transparence et à la communication.

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