L’HEBDO, L’INFORMATION, TRUMP ET QUAND LES TERRORISTES GAGNENT

Posté le 23 janvier, 2017 dans actu / news

Choc, tristesse, incrédulité à la fin de L’Hebdo. Et rage du coup, peut-être mal placée, devant les magazines de publireportages sur papier glacé financés par… ceux dont ils parlent et la pub des banques et de l’horlogerie. L’Hebdo est une voix, une vraie, avec une ligne, une logique, un savoir-faire, une histoire. Elle manquera cruellement dans le paysage informatif de la Romandie, ce fichu trop petit marché francophone pour faire autre chose que du très régional. Le problème est aussi celui des médias en général, de leur viabilité, de leur format, de leur place. Quand des Yvan Perrin ou Les Observateurs s’en réjouissent, ils oublient que c’est l’altérité qui fait le débat et la démocratie. Dont leur libre voix, même s’ils sont dérisoires – un loser has been que la presse a pourtant souvent flatté, et des vieux cartons pire réacs qui se congratulent parmi à se lire en vase clos d’accord entre eux – face à l’éthique d’un vrai journalisme, soit-il engagé. Et prouvant par là qu’ils n’ont pas compris. La presse souffre face aux réseaux sociaux et à Internet, tant dans le déplacement des financements que la fiabilité de l’information. Mais elle se remettra sous une forme ou une autre car le chacun-journaliste s’est déjà dégonflé. Et comme elle doit aussi remettre en question la simple reprise des dépêches d’agence – confinant l’obtention de l’information à celles-ci, et par là sa simplicisation. Le monde a trop besoin d’information libre et vérifiée, et d’opinions libres et senties.

La presse doit-elle se remettre en question de n’avoir pas vu, ou voulu voir, ou voulu croire, à la montée des populismes ? Peut-être – mais là n’est pas la question. Beaucoup, par respect envers les institutions sinon envers lui, espèrent qu’il soit juste de laisser sa chance à Trump. En y croyant plus ou moins. Le temps le dira mais dans l’intervalle, la rhétorique de son discours d’investiture était misérable de pauvreté, de simplisme, de clichés, de manichéisme. La première apparition de son press secretary était sidérante dans l’affliction – une diatribe défensive et simple harangue digne du Général Tapioca. Il apprendra vite ce qu’est le feu des questions de la press room. Un président ne doit plus être dans la propagande. Et tout cela ne se présente pas vraiment bien. Pendant ce temps, en France, les « terroristes » ont gagné une manche importante : le gouvernement vient de rendre à nouveau obligatoire  l’autorisation de sortie du territoire pour les mineurs, abrogée depuis 2012. Tout cela parce que sur les quelques centaines, allez même mille, français partis faire le djihad, il y avait quelques dizaines de mineurs. Pour un nombre anecdotique de cas qui de toute manière sortiront de France clandestinement, le gouvernement impose une contrainte liberticide aux milliers de familles dont un membre mineur va tranquillement en vacances chez sa grand-mère, des amis, en voyage d’études, sportif, etc. C’est en cela que le terrorisme gagne : en amenant nos sociétés à renier leurs libertés sous son prétexte fallacieux et statistiquement biaisé. Droit dans le piège le gouvernement. Pas bien.

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