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ON EN PEUT PLUS DU VERBIAGE ! PASSEZ-LE A LA TRONCONNEUSE

Ce blog a dit les 30 mai et 20 août sa haine des contrats verbeux et de l’obésité législative. Comme Dick le boucher dans Henry VI a dit sa haine des avocats qui en sont, il faut le dire, souvent responsables : The first thing we do, let’s kill all the lawyers. Mais pour d’autres raisons : il craignait leur puissance, la défense des droits individuels, et voulait une révolution communiste. Pascal disait : Je vous écris une longue lettre parce que je n’ai pas le temps d’en écrire une courte. Mais ceux qui écrivent des textes verbeux y passent tout de même trop de temps. Et dans la définition de verbiage, il y a le flot palliant la pauvreté de la pensée. Nous haïssons tous les textes trop longs que nous recevons dans nos vies de consommateur ou d’administré. Mais nous les signons – et ils ne seront remis en question que si un particulier, une association ou une autorité les attaque et gagne, c’est-à-dire rarement. Ainsi sommes-nous régis par des conditions générales et autres textes, règlements et contrats que nous ne lisons pas, médiocres et lésionnaires de nos droits – puisque toujours rédigés par la partie pourtant forte qu’ils visent à protéger. Une seule question de langage ? Non, parce que juridiquement, l’aphorisme est le même : c’est ce qui est confus et mal conçu qui est trop long. Il faut allonger pour plâtrer ce qui est mal foutu. Et dernière pauvre vérité banale : ces textes sont longs parce qu’ils émanent de gens qui pensent ajouter de la valeur au kilomètre. Dans aucune industrie ou administration n’y a-t-il une prime à la concision, ou à l’efficacité rédactionnelle et juridique. Plus y en a, plus c’est qu’on a tout prévu. Et donc qu’on a bien fait son boulot. Soupir. 

S’en lamenter est une chose, mais y a-t-il des solutions ? Pour des textes réellement compliqués ? Certainement. Mais d’abord deux exigences, pourtant légales, foulées aux pieds par le verbiage : que l’administré ou le consommateur comprennent ce qu’on leur dit, en langage usuel, pas en jargon, et qu’ils n’aient à accomplir des formalités ou actes qui ne sont pas nécessaires, ou compliqués à l’excès. Sabrer, passer le verbiage à la tronçonneuse, arriver à des formulations simples mais suffisantes, est possible. Et a fortiori que l’exemple vient des Etats-Unis, lieu d’un langage juridique et contractuel souvent caricaturallement long et abscons. Alan Siegel [1], designer de son état, a relevé le défi lancé par le président Obama, qui s’étonnait qu’il ne soit pas possible pour un américain de conclure un contrat de crédit intelligible et qui tienne sur une page. Il s’y est attelé. Et il a réussi (cf. son passionnant TedTalk [2]). Idem s’agissant de formules de l’IRS dont des passages entiers étaient simplement incompréhensibles. Citant Jefferson qui disait que quand le sujet est grave, il ne doit être traité que de manière simple, il a remis dans l’écrit ce vers quoi il doit tendre : la clarté, la transparence et l’empathie. Et que c’est une question d’humanité dans les communications. Y’a donc du boulot, de la marge de progression et soyons tous des Alan Siegel. Il y a toujours une prime à la concision et à la clarté. Refusons les textes prolixes et incompréhensibles, renvoyons-les à l’expéditeur, ou ne les signons pas, ou contestons-les ultérieurement. Dans tous les arts aussi, ce qui est beau et efficace est toujours le plus simple.