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POURQUOI IL EST INDISPENSABLE DE REFUSER LA LOI SUR LE RENSEIGNEMENT EN DEUX PARAGRAPHES

Acceptez-vous de prendre ce combiné et de parler à quiconque, privé, travail, famille ou amour, sachant que vous êtes écouté ? Difficile d’être contre la nouvelle loi sur le renseignement qui passe en votation populaire le 25 septembre – mais il le faut. Difficile en termes de posture sociétale. C’est manichéen : être contre, c’est être pour les terroristes, ou son effet. Ou c’est être rêveur hippie gauchiste idéaliste, et donc sympathique mais négligeable. On ne peut pas être contre – puisque cela vise le risque effrayant du terrorisme, ce qui est brutal et concret, alors que la surveillance n’est pas un dommage concret pour qui n’est pas un terroriste. La peur du terrorisme est concrète, ou plutôt la perception que chacun s’en fait. La peur de la surveillance est diffuse, intangible, abstraite, théorique. C’est un mal pour un bien, nécessaire et indolore. Or c’est une fois de plus une question de prévalence dans un monde qui ne réagit plus qu’aux perceptions simples. Le risque d’être victime du terrorisme, plus encore dans nos pays, est insignifiant en termes statistiques. Des dizaines ou même centaines de mort sont un dommage inférieur à la surveillance a priori de tous, soit de millions ou milliards. Ce dommage-là n’est pas indolore mais il faut le comprendre. La liberté de tous est le fondement de nos démocraties. Pas la surveillance ni la sécurité à tout prix. Les sociétés libres sont par définition vulnérables. Mais elles ont toujours vaincu les atteintes à leur sécurité. Parce qu’elles sont supérieures et ce que les gens libres veulent. Les sociétés libres en sont toujours venues à bout car ceux qui l’attaquaient n’ont précisément que le terrorisme pour tenter de s’imposer, Brigades Rouges, Rote Armee Fraktion, Action Directe, etc. Et l’appellation de terroriste étant souvent dévoyée pour contrer des opposants ou des ennemis en guerre. 

Miner l’intime, la sphère privée, la liberté, mine donc la société civile libre dans ses fondements mêmes – et ce dommage est pire que tout autre. Que la surveillance ne vise pas la répression politique, comme dans les Etats totalitaires ou communistes, n’y change rien. La méthode et le résultat sont les mêmes : quelques-uns surveillent tous les autres, savent tout ou peuvent tout savoir sur tous les autres. Que le motif, la sécurité par hypothèse, soit en tant que tel honorable, n’y change rien. La surveillance de tous n’est pas efficace, mais surtout pas proportionnée. Pas si grave ou pas le cas tant que les garde-fous législatifs et judiciaires fonctionnent ? Non car la question n’est pas là. Et le risque qu’ils ne fonctionnent pas est concret. Dans nombre d’Etats le pouvoir contraint la justice, et dans nombre d’autres il y a une connivence consciente ou inconsciente qui fait que la réserve d’un pouvoir d’appréciation ne fonctionne pas. Plus de 90% de l’activité humaine passe d’une manière ou d’une autre par les réseaux. Vouloir assurer la sécurité par leur surveillance totale, parce qu’elle est techniquement facile à opérer, est l’alibi pragmatique d’un totalitarisme en tenue de ville. Lorsque le monde se réveillera en réalisant que tout ce que l’on dit ou fait peut être surveillé, ou cette surveillance dévoyée de son objectif prétextuellement vertueux, il en résultera une absolue déception intime, une perte de confiance, un sentiment de trahison, une révolte, un glissement de ce qui était une société libre vers une société clandestine, qui mineront infiniment plus la démocratie et la confiance dans les institutions que le mal qu’il était l’excuse de combattre. Il est urgent de voter NON.