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QUELQUES TENDANCES DE LA RENTREE

C’est la rentrée – et de retour des USA, et de la Silicon Valley où le monde n’attend pas. Quelques tendances – juridiques ou non. (Sir) Harold Evans, auteur notamment de Do I Make Myself Clear [1], livre qui devrait en principe intéresser les avocats, peste contre une catégorie d’écrits qui sont faits pour tromper, trahir, contraindre : les conditions générales, les discours politiques, etc. Dommage que la justice ne le réalise pas et ne l’oppose pas plus souvent à la partie forte au contrat, celle qui tient la plume… Comme Alan Siegel évoqué sur ce blog, il fustige une business verbosity qui coûte des milliards en temps perdu, complication inutile et inefficience. Producteurs d’écrits de tout poil, écoutez-moi bien : à l’écrit comme en mille autres choses, less is more. Evans admet toutefois, visant quelqu’un probablement, qu’il est impossible de déployer un argument, même simple, en 140 signes. Vous pestez contre les compagnies aériennes qui équipent leurs avions de wifi ? C’était le dernier espace tranquille, quelques heures de bonheur déconnecté ? Ce n’est pas en réalité pour permettre aux passagers de continuer à envoyer emails et messages – ce qui ne marche que moyennement et coûte.

Le calcul est autre : chacun regardera les films diffusés à bord sur son Ipad, son smartphone ou son ordinateur – chacun en a un – ce qui permet à la compagnie d’enlever les écrans et de s’économiser le poids, le prix et la maintenance, élevés, du flight entertainment system. Vous pestez de tomber sur un chatbot – dont l’horrible traduction est « agent conversationnel » – quand vous appelez votre émetteur de carte de crédit ou votre assurance maladie ? Vous regrettez le temps où des humains vous répondaient, même s’ils vous avaient fait poireauter des plombes avec une musique d’ascenseur ? Eh bien cela pourrait changer. Une étude de Juniper Research établit que cela économise des milliards aux entreprises et que les clients les préfèrent en fin de compte à des nouilles humaines qui leur répondent au mieux désagréablement, au pire de manière incompétente. Il faudra bien s’y faire : ces machines-là sont plus efficaces que les humains parce qu’elles ont appris davantage et aiguillent mieux questions et réponses. Et sans attente. Cela s’appliquera-t-il aussi aux questions juridiques simples ? J’en ai bien peur. Et pour ceux que tout cela désole irrémédiablement, le roman Touch [2] de Courtney Maum raconte un monde dans lequel les hommes reprennent le virage dans l’autre sens, se détournent de la technologie pour reconnecter entre humains. Allez, c’est la rentrée.