Refus de BMW Oracle dans le Championnat lémanique des D35 : Quand la voile touche le fond…

Posté le 28 février, 2008 dans sport / sportlaw

La décision de l’association du championnat lémanique des catamarans D35 de refuser un équipage mené par Russell Coutts et composé de marins du team BMW Oracle apparaît bien consternante et au surplus juridiquement indéfendable.

L’association aurait-elle peur de marins professionnels emmenés par, prétendument, le meilleur d’entre eux ? L’association devrait-elle rester un club de (gentlemen ?)-propriétaires néanmoins fortunés, et naviguant néanmoins, ou naviguant « seulement » avec, des équipes semi-professionnelles ?

Cela est incohérent parce que la série est justement composée de propriétaires fortunés, aux moyens importants, son coût et la course à l’armement étant en tout état limités volontairement par la monotypie. Cela est incohérent dès lors que certaines équipes comportent déjà et en tout état des marins professionnels ou semi-professionnels. Cela est incohérent encore dès lors que la série joue sa promotion sportive et médiatique sur la présence, permanente ou en certaines occasions, de grands noms de la voile tels Bernard Stamm, Frank Cammas, Loïc Peyron, Ellen McArthur, Karine Fauconnier, Brad Butterworth, etc…

Par ce geste de finalement mauvaise humeur, la série a cru manifester une position digne, sportive ou morale – mais qui est en réalité tout l’inverse.

Il n’y a tout d’abord, ni juridiquement ni moralement, aucune raison de faire de la rétorsion envers BMW Oracle et/ou Russell Coutts, pas même du fait de l’action judiciaire par laquelle ce syndicat paralyse en l’état la 33ème Coupe de l’America. Cela tout simplement parce que BMW Oracle et le GGYC exercent un droit, celui de saisir la justice, le sort donné par la justice à l’action étant ensuite autre chose. Ensuite, parce que même si l’on désapprouve l’attitude de BMW Oracle de saisir la justice dans le cadre de la Coupe, le catalogue des turpitudes respectives de BMW Oracle et Alinghi dans cette pauvre affaire est malheureusement long et bien malin celui qui peut objectivement départager l’un des protagonistes à l’encontre de l’autre. Enfin, parce que c’est tout simplement du plus mauvais effet pour la série, son marketing et ses sponsors, de se présenter comme un évènement spectaculaire et de haut niveau, le prétendument top de la voile lémanique – mais en refusant pour autant le combat contre une équipe donnée et étrangère. Ce que, sur ce dernier point précisément, cette série risque bien de regretter.

Quant à l’argument, enfin, de ne pas attraire dans la série, et l’en « polluer », le litige entre BMW Oracle et Alinghi, il n’a de sens ni logiquement ni juridiquement.

En réalité, la série n’avait qu’à gagner de cette rivalité revenue sur le plan d’eau, en exposition médiatique, en défi sportif, et probablement avec la faculté réelle pour les équipages lémaniques de l’emporter à nouveau et malgré tout sur ce team. A vaincre sans péril, l’on triomphe sans gloire Quel que soit le message que l’association ait voulu exprimer, il est davantage perçu-là comme un aveu de faiblesse que comme une quelconque autre des justifications énoncées.

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