ROUVRIR LE MONDE

Posté le 20 janvier, 2021 dans actu / news

Une commission examine s’il faut exiger un test négatif pour les voyageurs aériens arrivant en Suisse. Allô ? Cela fait des mois que d’autres pays l’exigent – et que c’est une évidence. Pourquoi traîne-t-on ainsi ? Parce qu’en Suisse, on ne va pas aussi lentement que nécessaire, on va lentement tout court. On n’est pas « yen a point comme nous », on est simplement mauvais à un certain nombre de choses. Quand l’OFSP agrée un vaccin plus lentement que les autres, ce n’est pas par « Swiss finish » de vouloir faire mieux ou être plus prudents. C’est qu’on est moins bien outillés, moins réactifs, moins courageux. Résultat : on est en queue de wagon des tests, des vaccinations, des indemnisations, aussi lents et frileux que pas nécessaire.

Et viennent ensuite les absurdités – toutes liberticides. Ici les commerces sont ouverts mais couvre-feu à 18h. Là les commerces sont fermés – mais pas de couvre-feu. Ici pas d’alcool dans la rue après 15h. Là on ne peut plus rencontrer qu’une personne par jour. Les médias relatent un ras-le-bol réel et considérable de la population – qui applique pourtant de bonne grâce les mesures décidées dans une transparence relative. Or des mesures sont suivies lorsque la population y adhère, la population y adhère quand elle les trouve justifiées, elle les trouve justifiées si elle les comprend, et pour les comprendre elle doit être informée – et avoir confiance en l’information. La Suisse n’est pas en tête non plus : l’information est simpliste, parfois puérile, paternaliste, et les chiffres, qui doivent en principe constituer des faits objectifs, sont pauvres et parfois sélectifs. L’explication de texte est souvent absente. Et le communiqué officiel, et son dogme, trop souvent la règle.

Ainsi y a-t-il a eu 7’970 morts du Covid en 2020 en Suisse (source : RTS). Et 7’500 morts de plus que le chiffre statistique attendu (source : RTS). Aucune conclusion n’est offerte. Donc, semble-t-il, une correspondance entre cette surmortalité et le Covid. Ok. Mais cette surmortalité pourrait provenir de l’accroissement des classes d’âge supérieures (source : Bon pour la tête). On ferme la société civile, on perd 5% de PIB sans compter le coût supporté par la collectivité, on porte atteinte aux libertés fondamentales, on crée des fossés entre les gagnants et les perdants de l’économie du Covid, pour une surmortalité de 7’500 personnes. Ou une mortalité de 0,05%, une létalité de 1%, un accroissement des décès de 10%. Ou, peut-être, pour la surmortalité que nous subirions sans ces mesures. Or ce chiffre n’est jamais exposé, extrapolé ou débattu, même avec des marges d’erreur ou des incertitudes acceptables. Ce qui n’est pas acceptable.

Pendant mille ans, la moindre bataille faisait entre quinze et cent-mille morts, des hommes jeunes, pour défendre son territoire ou en conquérir, se battre pour la religion, la liberté ou des ressources. Plus près, sans remonter aux guerres mondiales, 60’000 jeunes hommes américains ont péri au Viet-Nam (en faisant périr une partie des millions de morts vietnamiens), pour se battre loin de chez eux contre le communisme. Autrefois, on sacrifiait des milliers de jeunes hommes pour défendre la liberté de tous, ou prétendument. Aujourd’hui, on ferme les libertés de tous pour éviter 7’500 morts à l’âge médian de 85 ans (source : TdG). Le tsunami en avait fait 230’000. Les armes de service en tuent 200 par an en Suisse (suicides et meurtres) sans aucune réaction. Les particules fines tuent six millions d’européens par an – sans grande réaction car les lobbies industriels l’empêchent, qu’il faut bien se mouvoir, se chauffer, et qu’y remédier coûte cher et doit donc aller aussi lentement que possible.

Ceci pour dire que comme pour le prix à payer, les émotions et les priorités politiques sont sélectives, les chiffres sont malléables, et seule la « capacité des systèmes de santé » semble compter pour contraindre tout le monde. Le fantasme est d’éviter le plus de morts possibles – ce qui est louable et philosophiquement juste, mais qui n’est pas réaliste et pas à n’importe quel prix. La vie est le bien juridiquement protégé le plus important mais une pandémie en fait partie et tout est précaire : la santé, l’amour, la fortune, le climat, la moralité, la vie. Il devient un fantasme discutable de fermer la société civile et le monde en entier pour éviter un nombre de morts qui demeure, somme toute, limité, raisonnable, avec tout ce que cette appréciation comporte de délicat et de douloureux. Vacciner toute la population, soit y compris celle qui n’est pas à risque, pour un taux de mortalité de 0,05%, semble être une évidence pour les scientifiques et les gouvernements. Bon. Mais rouvrir le monde pendant ce temps l’est aussi en conservant les mesures les moins liberticides comme les gestes barrière.

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