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SOULÈVEMENT(S)

Il se passe en ce moment des soulèvements qui ont de nombreux points communs et qui se portent les uns les autres. Et dont l’ennemi est commun : l’homme blanc – lire : la civilisation occidentale – et sa domination morale et économique. Les féministes ne sont pas apparues aujourd’hui ni même hier. Elles (et ils) ont pavé la voie, avec de nombreux succès mais aussi des échecs, pour le soulèvement qui se passe maintenant. Il a été question d’accès au travail, de droit de vote, de salaire égal. Il est aujourd’hui question d’égalité et de parité complète – dont nous demeurons loin. Il n’est plus question de tels sujets ponctuels – mais de la fin du machisme, d’une domination genrée, de tout une conception morale de la société, et pour une large part issue de la religion. Ce que portent les jeunes femmes d’aujourd’hui, les 15-35 ans, c’est un soulèvement total et puissant. Et c’est in fine le même que celui des minorités raciales ou sexuelles – sauf que le combat est passé de ponctuel, incrémental, patient, à global, urgent, puissant.

Le combat des noirs américains ne date pas d’hier et a lui aussi connu ses paliers : esclavage, ségrégation, vote, accès à l’éducation. Et ses héros : Martin Luther King, John Lewis, Nina Simone, Angela Davis et de nombreux autres. Mais comme pour les violences sexuelles et la condition féminine, la prise de conscience d’un biais sociétal, dont l’une des manifestations est une violence policière systémique, est intervenue aux Etats-Unis pendant l’avènement d’un régime blanc, autoritaire, raciste, misogyne et nanti. Qui lui a ainsi servi de catalyseur. Les tentatives d’y restreindre maintenant le poids de l’électorat noir qui l’a renversé démocratiquement, en compliquant les conditions et formalités pour pouvoir voter, illustrent que ce combat n’est pas simplement moral, éthique: il est lié au pouvoir et à la représentation intime de la société. Et de la même manière que les #metoo sont devenus planétaires, George Floyd a résonné dans le monde entier – parce que le problème y est le même.

La semaine dernière, c’est une réaction plus forte et plus organisée qui s’est faite jour contre un racisme anti-asiatiques, lui aussi attisé par Trump et son « Chinese virus », à la faveur de deux attentats racistes à l’arme à feu. Les asiatiques comprennent que le profil bas et la politique des petits pas, et la survie par la résilience, ne sont peut-être plus la seule formule. Comme, avant eux, les communautés LGBT+. Ces soulèvements sont bénéfiques pour la société et son équilibre démocratique. La pluralité apporte la stabilité, la paix et la prospérité par la reconnaissance, et supprime les hégémonies. Au prix, certes, des privilèges sociaux des nantis actuels. Restera, curieusement, le volet économique – et qui concerne en réalité tous les discriminés de la dominance actuelle qui se soulèvent par groupe : la confiscation d’une trop large part de la valeur ajoutée de leur travail par le capital. Ce Marxisme originel et pur est, curieusement, en panne. Ou à l’ombre des autres combats ? Le prochain soulèvement ? S’il émane de tous ceux qu’il touche, il devrait être puissant…