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THINK AGAIN – OU LA PAUVRE PAUVRETE DU DEBAT ?

Il y a des livres de rhétorique. Que peu de gens lisent hélas. Des livres sur l’expression en public – mais qui ne sont souvent que le simple pendant oral du pauvre PowerPoint, ce logiciel qui rend vos présentations visuelles stupides [1], et vous avec. Mais peu de livres sur le débat. Le débat d’idées, l’argumentation adversariale. Et il faut bien le dire, au-delà du stade, somme toute limitatif et confiné à la minorité, des dissertations de collège, débattre et justifier sa pensée se réduit pour l’essentiel aux discussions de Café du Commerce. Pourtant, débattre, il y a de quoi. Sur tout tout le temps. Serena Williams, Trump, le réchauffement, les migrants, le Brexit, l’heure d’été, bref, tout. C’est le propre de l’homme – et l’homme y est mauvais. Autrefois, les débats présidentiels étaient un affrontement des idées. Aujourd’hui, chacun ânonne sa position sans plus échanger ni débattre. Et lorsque les adversaires s’adressent l’un à l’autre, ils ne visent ni à le convaincre, ni même à entrer en matière, mais à répéter leur texte. Et lorsque l’invective n’apparait pas, la redite la remplace. Bref, pauvre débat.

Remarquable est donc le livre Think Again [2] qui se penche sur les raisons de cette baisse de qualité de l’échange dans une société submergée d’opinions et de médias, dans le sens de vecteurs, qui les radicalisent plutôt que les rapprochent. Et l’auteur de louer les vertus du dialogue – lequel seul mène au consensus. Ceci est exact, mais l’arbitrage politique, lorsqu’il est nécessaire, y mène également. Et peut-être que l’expression des positions radicales permet elle aussi de faire la part des choses – plutôt que le consensus mou ou pernicieusement imposé. Quoi qu’il en soit, l’ouvrage est passionnant pour tous ceux dont la tâche est de convaincre. Le rapport de force est trop souvent l’outil là où le débat mène à un résultat supérieur : l’adhésion et non l’imposition, et donc la paix et non le ressentiment et la revanche. La question est presque lancinante, après tout, et c’est bien par-là qu’il faut commencer : pourquoi débattre ? Encore un livre de soft skills qui fait du bien à l’âme des bons. Pour le coup on ne résiste pas à vous le remettre, celui-là [3], de débat qui illustre le titre de ce billet 😉 That’ All Folks.