TOUS AU PONT !

Posté le 16 octobre, 2018 dans actu / news

Tous au Pont ! Le slogan, hélas, signe le délit. Celui de contrainte, réprimé par l’art. 181 du Code pénal. Explication. Faire la grève est licite, à certaines conditions. Mais elle s’exerce entre employés et employeurs. Elle affecte économiquement l’employeur, directement, et indirectement ses clients et fournisseurs, soit ceux sur lesquels la pression que représente la grève s’exerce dans un rapport de connexité. La liberté d’opinion, et de l’exprimer, est garantie. Manifester est aussi licite, mais à des conditions. En revanche, entraver la population dans ses propres libertés, celles d’aller et venir, de travailler, d’étudier, est autre chose. En bloquant le pont du Mont-Blanc, et en affichant ouvertement cette volonté-là, les grévistes et les syndicats ne visaient pas à manifester ni à s’exprimer. Bien au-delà de cela, ils visaient à empêcher la population de se mouvoir, d’aller travailler, d’aller à l’école, de se procurer son revenu ou son chiffre d’affaires. Il ne s’agissait pas d’un cortège qui serait passé par le pont, mais de l’occuper pendant plusieurs heures pour bloquer la ville et tous autres que les employeurs concernés.

Grévistes et syndicats visaient donc à causer une entrave et un dommage économique – pour exercer une pression sur autrui que les employeurs. Et en tout cas en est-ce le résultat. Ceci est donc tout autre chose que l’expression, licite, d’un message, par le biais d’une manifestation, destiné à l’ensemble de la population. Il ne s’agissait pas non plus de manifester sur le pont du Mont-Blanc : à part quelques piétons et cyclistes, il n’y avait strictement personne puisque transports privés et publics étaient tous détournés par la police à des centaines de mètres du lieu. Il s’agissait donc juste d’emmerder. Pour tenter d’obtenir quelque chose de quelqu’un d’autre que ceux que cela emmerdaient. Or ceci ne constitue pas un droit. Il ne s’agit de rien moins qu’une contrainte. Est-elle par hypothèse justifiée par l’autorisation donnée de manifester ? Non, car les autorités qui autorisent une manifestation ne peuvent consentir à une violation du droit pénal à la place des titulaires de l’intérêt juridiquement protégé, ceux qui en sont les victimes.

Au 21ème siècle, il existe d’autres moyens juridiques d’intervenir sur les conventions collectives. Les syndicats Unia, SIT et Syna usent de méthodes qui les démodent et leur valent la réprobation de la vaste majorité de la population. Ils devront l’assumer. Le Conseil d’Etat ne devait pas autoriser la manifestation sous cette forme-là. Il n’y a aucune commune mesure, soit donc aucune proportionnalité, entre les intérêts, peut-être légitimes, des manifestants, et les intérêts, eux certainement légitimes, de tous ceux qui ont été entravés et ont perdu des dizaines de milliers d’heures de travail. Et ont été atteints dans des libertés au moins aussi fondamentales.

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