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TRENDS (SUITE) ET UN ACTE DE GUERRE – VRAIMENT ?

Dans l’illustration des tendances évoquées dans le précédent billet, toujours fascinante cette volonté du secteur privé de museler l’expression, et toujours par la partie forte contre la partie faible au contrat. Et alors que la transparence est prétendument le dogme. Les grandes sociétés, déjà maîtresses des conditions générales, y incluent des clauses interdisant au consommateur de les critiquer, ou leurs produits, publiquement ou sur les réseaux, en termes très généraux. Au point que le Congrès américain vote une loi [1] qui les en empêche. C’est une manière – comme une autre chez nous de les considérer comme abusives, mais ce qui sera un long chemin de croix pour le premier qui aura à le faire juger. En réalité, c’est également une situation d’application transversale d’une liberté fondamentale, cas échéant par le détour des art. 27 CC et/ou 20 CO. Idem [2] s’agissant des restrictions qu’impose Google à ses employés en matière de confidentialité et de whistleblowing – un secret quasi-absolu sur quasi-tout. Fascinant que l’homme, qui n’est pourtant jamais qu’employé de ces groupes, déploie son imagination pour en faire des Brave New World [3], au dépens même de ses propres droits et intérêts si les choses tournent mal pour lui. Et que l’homme se sente toujours légitimé à faire passer les intérêts de l’entreprise avant les siens même quand cela touche à des droits fondamentaux. Huxley et Milgram devaient être potes…

Toujours en 2016, l’IRS a demandé [4] à un des plus importants traders de bitcoins toutes les transactions de tous les utilisateurs américains ayant traité une monnaie virtuelle sur trois ans (2013-2015). Cela parce que trois contribuables identifiés n’auraient pas déclaré des avoirs, gains ou revenus en bitcoins. Bonjour la fishing expedition, la proportionnalité, et cette tendance inquisitoriale. Traquer, traquer, toujours traquer, et vouloir tout savoir sur tous, en application d’un système qui génère cet engrenage sans jamais se repenser. Enfin, le brave sénateur McCain d’asséner [5] que l’intrusion informatique russe dans la campagne électorale américaine était un « acte de guerre ». De la part d’un sénateur d’un pays qui a créé Radio Free Europe [6] et tous les canaux de communication possibles pour saper l’Empire soviétique (et l’âge de s’en souvenir), et sapé nombre de régimes en finançant des dissidents, des opérations secrètes, des ONG, des lâchers de tracts, etc., cela fait sourire. Quant à savoir pourquoi Poutine préférait par hypothèse l’imprévisible Trump à la prévisible Hillary, même si la presse officielle russe la bashait constamment, c’est étonnant – sinon de la simple rétorsion. Reste que l’Occident ne comprend toujours pas que la Russie ment par intérêt et sans problème moral. Qu’elle n’est plus qu’une puissance régionale – comme l’a justement dit Obama. Et que l’Occident ment aussi – mais en pensant le faire de manière moralement défendable. En 2017, rien n’est décidément acquis.