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TUER LES ROIS

Un article de Ian Bremmer dans Time sur The Strongman Era [1] – les Poutine, Erdogan, Duterte et autres Xi et même Trump – incite à la réflexion actuelle sur leur utilité et leurs dangers. L’homme a de tous temps subi ou voulu des leaders, despotiques ou élus. Un leader, qui emmène, mène, inspire espoir, crainte, confiance, incarne le pouvoir et l’autorité, garantisse la sécurité – ou le prétende. Il peut y en avoir de bons. Il y en a eu de bons. De pacifiques ou pacifistes. Mais en réalité, dans la suite de la réflexion [2] sur le lien entre la conscription et la guerre, il y en a surtout de belliqueux. Les précités, mais aussi Al-Assad, Netanyahu ou Kim jong-Un, qui se prévalent du soutien des suffrages, ou de Dieu, ou du peuple, ou de la nation, ou de son intérêt, réel ou supposé, pour emmener leur pays dans des conflits –  qui les font vivre et les justifient. Ian Bremmer sort un livre sur ce sujet déjà évoqué ici de la division entre « nous » et « eux », cette rhétorique exclusive qui nie l’accomplissement du progrès par la diversité et l’addition des opinions. Le titre est évocateur : Us vs. Them: The Failure of Globalism [3]. Cette richesse du pluralisme et de l’altérité, et le paix que cela apporte – qui menacent précisément les leaders et leur fonds de commerce.

Tuons donc les rois. Les rois d’aujourd’hui. C’est bien ce que les révolutions ont fait, après tout. L’exemple suisse d’une division du pouvoir exécutif sur la tête de sept personnes, dans les cantons également ? Un peu facile ? Ou des premières démocraties médiévales nordiques ou icelandaise ? Les partisans du leader argumenteront en donnant tous les exemples de ceux qui ont été bons, diront qu’il est nécessaire, qu’il est légitime. Que d’autres systèmes collégiaux ont engendré des guerres ou cautionné des totalitarismes. N’empêche. Checks and balances. La séparation des pouvoirs des systèmes constitutionnels modernes, bien sûr, qui joue actuellement bien son rôle aux Etats-Unis, mais pas en Russie ou en Turquie, ni aux Philippines, ni au Venezuela, etc. etc. Mais aussi les contrôles et les équilibres d’un exécutif collégial. Imaginons l’absence de leaders belliqueux et de leur réthorique, de la cristallisation des antagonismes sur leur personne, ceux des « amis » et des « ennemis », sans cette division oppositionnelle voulue, appelée, exacerbée. Et cela conjugué à une absence de conscription obligatoire. Cela réduirait certainement nombre de conflits armés ou de logiques de conflits dans le monde. En attendant, je vais lire le livre de Bremmer.