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UN AUTRE DRAME ?

Le virus nous incite ou contraint en ce moment à penser à nous : urgence sanitaire, crise économique, rapports sociaux en temps de confinement, etc. Le reste de l’actualité passe largement à la trappe – Syrie, réfugiés et même le réchauffement – ce qui rappelle, peut-être opportunément, la théorie de la relativité. Et que la hiérarchie des news est celle qu’on veut bien nous donner, ou que nous nous donnons. Un personnage déjà habile et rusé, même si le fait d’être autoritaire compte bien sûr, bénéficie pleinement de cette aubaine : Poutine. Dans la grande tradition de contrôle et manipulation de l’information, il n’y a pas de cas de Coronavirus en Russie, simplement des pneumonies. Prévenir la crise sanitaire n’est pas une priorité puisque 1) cela n’est pas susceptible de lui nuire électoralement dès lors que toutes les élections sont verrouillées, 2) le peuple Russe est historiquement résilient à tout, et 3) il a d’autres fronts plus importants – pour lui – à gérer, crise sanitaire ou pas. Le premier de ceux-ci étant, évidemment, de s’assurer de pouvoir devenir dictateur à vie – avec la bénédiction que ce sujet soit actuellement éclipsé partout ailleurs par la crise sanitaire mondiale. 

Retour en arrière, Poutine a d’abord composé avec les restrictions constitutionnelles pour pouvoir refaire deux mandats après un break sous forme de passage par un mandat de premier ministre avec un président aux ordres. Désormais, il s’assure, par des modifications votées par un législateur captif, de pouvoir rester vingt ans de plus au pouvoir. Soit le restant de sa vie. L’alibi – en faudrait-il un, et exprimé sans aucune once de conviction ? La stabilité. Et la stabilité, c’est lui. La vérité, c’est que Poutine connaît les problèmes qui l’attendent si son mandat devait prendre fin. Et qui iraient vraisemblablement jusqu’à son emprisonnement dans un Etat de droit libre et transparent. Conscient que les fortunes peuvent se retourner, il avait créé une garde prétorienne en 2016. Ses moyens financiers et les liens qu’il a tissés, pour certains de force, avec des oligarques qui lui sont redevables, sont naturellement incompatibles avec les revenus officiels et les devoirs de sa fonction. Donc il n’a pas le choix : rester. Au prix du maintien, pendant encore vingt ans, d’un régime dictatorial, d’une absence de démocratie, d’Etat de droit, de gouvernance et de marché libre. Et d’une économie centrée sur le gaz et le pétrole sans aucune chance d’atteindre le progrès et la prospérité d’un marché libre et intégré internationalement. Sauf nouvelle révolution qui est finalement aussi dans ses gênes, la Russie a là aussi un drame sérieux qui se perpétue.