UN LOGICIEL BANCAIRE UNIQUE POUR TOUTE LA SUISSE ET UN MUSEE DU DROIT DE LA RESPONSABILITE – PAS SI LOUFOQUE QUE CA

Posté le 7 décembre, 2015 dans divers

Puisque la transparence est la norme du nouvel ordre mondial, que le secret bancaire n’existe plus, que chaque citoyen est suspect de fraude fiscale, que les maris achètent des manteaux de fourrure à leur maîtresse, qu’il faut empêcher le financement du terrorisme, que les artisans continuent à se faire payer au noir pendant qu’on traque les revenus de l’épargne des riches, qu’il faut être sûrs que les enfants ne commandent pas des joints en ligne avec leur carte Maestro junior fidélité pour gagner en plus des points loisirs, que les policiers et procureurs se cassent les pieds avec des perquisitions de relevés bancaires illisibles, que les femmes claquent l’argent du ménage en cours privés de yoga, et que tout ça c’est TRES GRAVE, la solution la voilà : un seul logiciel bancaire intégré pour toute la Suisse avec un accès au fisc et aux procureurs, aux douanes, à l’AVS etc. Comme personne y en a rien à cacher, il n’y a pas de problème juridique ou philosophique avec ça. Les procureurs et administrations fiscales pourront tout suivre en temps réel, un paramétrage permettra au système de signaler les mouvements de fonds insolites, suspects ou inhabituels entre banques par recoupements, et tout le monde sera au pas bien plus efficacement et le monde bien meilleur. La Finma sera enchantée car la surveillance de nos banques déjà irréprochables n’en sera que renforcée – pour le bien commun. Les seuls qui feront la gueule et la grève seront les compliance officers et autres flics rentrés – mais le progrès prime et personne ne les pleurera. Il suffisait d’y penser ! Un Musée du droit de la responsabilité, un autre y a pensé.

Ralph Nader, avocat et activiste américain défenseur des consommateurs et candidat indépendant à la présidence bien connu, l’a créé : le American Tort Museum à Winsted dans le Connecticut. Il y a bien des musées de voitures, d’ethnographie, de la poupée, de l’aspirateur, de la nourriture, des objets phalliques (en Islande !), des toilettes, des cheveux ou du Bad Art. Loufoque ? Dans un pays champion des procès ridicules – vu d’Europe ? Pas tant. Ce musée dédié à l’acte illicite et à la responsabilité qui en découle, le « tort » du droit anglo-saxon, est divertissant et instructif. Pour Ralph Nader, il était incroyable qu’un Etat de droit régi par la « Rule of Law » n’ait pas un tel musée. Il s’y trouve des voitures et objets ménagers défectueux et dangereux, l’histoire des procès contre les cigarettiers et l’industrie du tabac. Il y a l’explication du cas du café bouillant de McDonalds. Pourquoi les pères fondateurs de l’Amérique estimaient un procès devant un jury populaire en matière de responsabilité civile si important qu’ils l’inclurent dans le Bill of Rights. A l’heure où Volkswagen ne sait pas encore ce que cela va lui coûter d’avoir triché, où les grandes industries sont à la fois parfois largement condamnées mais souvent protégées par le système, où le citoyen ne comprend pas toujours comment marche, ou marche mal la justice, qu’un musée replace la violation du droit et sa réparation dans son contexte sociétal n’est certainement pas si mal. A aller voir avec glaces, bambins et pop-corn.

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