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VIOLENCE ET CINÉMA – SUITE ET PAS FIN

La représentation de la violence au cinéma est un long débat. Le problème ne réside pas uniquement dans cette représentation, mais dans la dangereuse moralité sous-jacente : c’est comme cela que l’on résout les litiges – même si l’on doit en payer le prix. La banalisation de la violence est donc une chose, celle de ses motifs en est une autre – tout aussi grave sinon pire. Deux exemples parmi des milliers ?

Dans Let him Go (2020), Kevin Costner est – de surcroît ! – un shérif à la retraite dans le Montana. Leur fils meurt d’une chute de cheval, leur belle-fille se remarie à un voyou du Dakota, et leur petit-fils d’y disparaître. Le shérif et sa femme s’y rendent pour récupérer leur petit-fils (et éventuellement leur belle-fille). Ils tombent sur une famille toxique, perverse, violente, machiste sous la coupe d’une mère dérangée. Tout cela finit en incendies et fusillades, tout le monde meurt – ou presque, le shérif y périt mais le gosse et la pauvre belle-fille rentrent au Montana avec la grand-mère. Film lourd, lent, caractères pauvres, bêtes et méchants, intrigue manichéenne avec un bon Indien – mais là n’est pas la question : le litige se « règle » à coups de fusil – même si le gentil y laisse sa peau.

Dans Promising Young Woman (2020), une jeune bécasse cabossée par la vie simule être saoule dans les bars pour se faire embarquer par un type inquiet et prévenant – mais qui veut en profiter. Et qu’elle confond alors. Sa pote s’est suicidée au collège après avoir été violée par un jeune premier jamais poursuivi. Elle se venge à son enterrement de vie de garçon – voulant le faire payer en révélant ce qu’il avait fait. Dans la panique et le pugilat qui s’ensuit, il la tue. Avisée, elle avait averti qu’il devrait être suspecté si elle disparaissait. Et la police d’arrêter le violeur devenu meurtrier… à son mariage le lendemain. Film poussif, intrigue à la peine – là n’est pas la question : la seule issue est la vengeance violente et la mort – ce que ne justifie pas que le vilain soit arrêté. Bref, il y avait bien mieux à faire sur ce thème – réel et sensible.

Le pire, c’est que le slogan de Let Him Go est « Fight For Family »… L’art, l’expression sont libres. C’est une manière d’expier, de provoquer, de divertir – et, dans une société responsable, à chacun de relativiser. Le temps où l’industrie du cinéma sera poursuivie comme celle des armes, de la chimie, du tabac, est loin d’arriver, et peut-être n’est-ce pas regrettable. Mais voir une société banaliser, justifier in fine, non seulement la violence mais sa morale, c’est en dire bien long sur elle…, probablement regrettable, et peut-être ce qui devra changer.