VIVE LE MAH ET LA DEMOCRATIE

Posté le 24 janvier, 2016 dans actu / news

Allez un peu de mauvais esprit, une fois de temps en temps cela ne fait pas de mal. Chacun son combat et celui autour du MAH (Musée d’Art et d’Histoire de Genève pour les béotiens) nous saoûle grave, comme disent les jeunes, entre ses clans de mémères désoeuvrées qui se sont trouvé là une noble cause passe-temps pas compliquée, des vanités de milliardaires et de politiciens dont la préoccupation culturelle est un outil marketing facile, bon marché et sans risque, et des architectes à la retraite en col roulé dont l’avis est aussi essentiel que la préemption voire confiscation du bien commun par tous les auto-investis de la protection de notre patrimoine architectural. Tout le monde veille au grain – on est sauvés ! Cela castagne bien un peu en ville, dans les salons et dans les canards locaux, entre les deux camps, mais à fleuret aussi moucheté que l’insignifiance réelle du truc : le MAH est un de ces non-sujets qui permettent de s’écharper avec un air pétri et pénétré de culture, et tout le monde ayant nécessairement un avis comme au stade. En s’abstrayant opportunément de la faim dans le monde, du réchauffement climatique, des migrants, de l’islam, du brexit, de Poutine ou de la Corée du Nord. La vérité est que le MAH, tout le monde s’en moque éperdument à part les cinquante péquins que cela agite.

Personne n’y va à part quelques écoliers en rang par deux ou collégiens sous la contrainte, quelques familles, les enfants râlant sec, le dimanche quand on est sûr qu’il pleut toute la journée et qu’on en peut plus de la girafe empaillée pas même dépoussiérée du Muséum, et quelque chinois ou japonais se hasardant à l’est du Bourg-de-Four. Soit pas même tous ceux qui ont un avis tranché dans les dîners en ville mais bien incapables de citer cinq œuvres qui s’y trouvent. Sauf pour aller au bistro situé dans le couloir du sous-sol (!) où le moindre plat du jour met 45’ à sortir d’une cuisine qui doit être encombrée de sarcophages que l’on ne sait pas où stocker d’autre pour être aussi inefficace, et dont la terrasse dans la cour ressemble à un terrain vague de pucier sans AUCUN géranium ou fleur quelconque (ce qui, avec la débauche de petits hommes verts et jaunes avec leurs petits camions dans nos jardins publics est tout de même un comble). Bref, le MAH tout le monde s’en fout ou plus exactement du vrai sujet de la qualité, réelle ou supposée, et de la mise en valeur, des collections qui y dorment à la cave. Mais bon, ok, c’est ce qui fait la grandeur de notre démocratie participative et de notre landerneau, et il y a une prime à ceux qui font envers ceux qui ne font pas, ou même entravent… Avec probablement le même horizon que la traversée de la rade et le coût de quatre hôpitaux en Afrique, nous pourrons peut-être enfin aller au restaurant sur le toit pour la vue. Amen.

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