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LA WELLS FARGO – TOUJOURS INNOVANTE

La Wells Fargo, pour des francophones de ma génération, c’est Lucky Luke et sa diligence. Avec le légendaire cocher Hank Bully. Avant d’être une honorable et séculaire banque américaine, pionnière des services bancaires et transports d’argent au Far West, et à ce titre souvent braquée par les Dalton. Ce blog a, par ailleurs, sérieusement, souvent évoqué les 100 milliards d’amendes et autres pénalités infligées aux banques aux Etats-Unis – pour leurs fautes envers les marchés, essentiellement en lien avec l’épisode et la crise des subprimes. Avec ce que cela a de juste et de critiquable à la fois – car punissant in fine l’actionnaire, lequel n’y peut rien. Plusieurs explications sont avancées publiquement sur le constat qu’il est aberrant qu’aucune personne physique ne soit jamais sanctionnée, alors que de telles amendes sont imposées aux entreprises. Une est que les autorités arrivent à construire un comportement illicite de la personne morale, mais pas à isoler de comportements punissables de personnes physiques prises individuellement. Même si elles l’auraient souhaité. Une autre est que les fameuses passerelles entre le secteur privé et le secteur public, louées pour le brassage et le partage de compétences qu’elle apporte aux deux, l’expliquent aussi : ce n’est pas propice aux velléités de se punir « parmi » d’un côté ou l’autre de la barrière. Alors pourquoi la Wells Fargo ce soir ?

Parce qu’elle a été alpaguée [1] pour des fraudes assez piètres consistant à facturer des services non-voulus à ses clients à leur insu et à assez grande échelle – avec pour effet un chiffre d’affaires en plus. Et que la banque, à défaut des foudres des autorités pénales et de surveillance qui nagent toujours dans leurs enquêtes sur ces agissements, vient d’exiger que son ancien CEO et son ancien chef du retail lui rendent plus de 135 millions de dollars sur leurs revenus et bonus. Cela lors même que l’enquête interne a été déclarée déficiente par des associations de consommateurs et est soumise à un examen parlementaire. Il faut dire que les faits sont vastes et incluent le licenciement des employés qui avaient dénoncé la fraude. Et d’aucuns estiment que nombre de cadres devraivent être punis [2] – au-delà de ces restitutions par les deux plus importants. Est-ce une première ? Pas vraiment. Tyco a récupéré en 2012 une somme très importante après avoir réclamé plus de 500 millions de dollars de remboursements à son ancien CEO ayant commis des fraudes en 2005. Mais le montant n’a pas été divulgué et il était poursuivi pénalement. Le CEO de UnitedHealth Group a restitué 400 millions de dollars, mais suite à des pratiques illégales en matière de stock options poursuivies par la SEC. D’autres s’en tirent mieux comme Jamie Dimon de JPMorgan Chase. Il s’est (seulement ?) fait « ôter » 11,5 millions de rémunération après des pertes de… 6,2 milliards dans l’affaire de la Baleine de Londres. La Wells Fargo, en l’état, fait donc mieux. Sujet pas clos.