Le rejet d’une motion de l’hyperactif Minder par le Conseil des Etats pour empêcher les banques suisses d’accepter les fonds de potentats [1] s’inscrit dans la droite ligne du post précédent. Niet clair à trente contre quatre et sept abstentions. Pas la bonne tactique. Pas nécessaire. Les efforts de la Suisse doivent s’inscrire dans ceux de la communauté et des institutions internationales, notamment du GAFI etc. Circulez. Au-delà de ces arguments techniques et politiques contre cette motion, le message est donc ambigu et hypocrite : la Suisse n’a pas à faire mieux que les autres en ce domaine, n’a pas à laisser ces fonds aller dans d’autres places moins scrupuleuses, et ce sont les règles « ordinaires » en matière de blanchiment qui s’appliquent. En clair : nous pouvons accepter ces fonds lorsque ces potentats sont encore en place – et c’est aux banques et aux intermédiaires financiers de prendre leurs responsabilités et de faire office de « filtre » s’il y a lieu à la place du pouvoir politique qui ne veut pas s’y coller. Or cette situation, qui est la situation actuelle, n’est pas bonne.
Il est injuste de dire aux banques et aux intermédiaires financiers que ce sont eux qui ont la responsabilité de faire le « filtre » alors que l’Etat, le gouvernement et l’économie privée continuent à traiter avec ces potentats et régimes. Et avec la conséquence de leur tomber dessus à la chute de ces potentats en leur reprochant au plan pénal et réglementaire de ne pas avoir éclairci ou tiré les conséquences de ce qu’ils étaient corrompus ou spoliaient leur peuple. Il n’est pas juste ni sain de demander au secteur financier de faire ce que le politique n’ose ou ne veut pas faire. Il ne peut y avoir de double appréciation de ces situations, une pour l’Etat, une pour le secteur financier. Et avec le dommage d’image qui en résulte à chaque fois pour la Suisse dès lors que rendre les fonds après x années de procédure n’efface pas le dommage qu’ils aient été là in the first place. Il est simple de dire sur le moment ou après coup que les avoirs de tel ou tel régime sont mal acquis. C’est moins simple dans la réalité ou selon les personnes en cause et leur degré de proximité du régime. La motion de Thomas Minder avait ainsi – une fois de plus – le mérite de poser un vrai problème sur la table et celle du politique. Too much too soon – mais la réponse est claire. Et tant pis pour les fusibles du secteur financier.