Un premier président de la Cour de cassation française a eu un jour cette jolie formule : la procédure, cela sert, comme le dit l’étymologie de procéder, procedere en latin, à avancer, poursuivre. Pas à freiner et compliquer – comme le veulent hélas trop souvent le CPC et trop de juges suisses. Pro-cé-der, pas en-tra-ver. Le marché des services juridiques change ? La technologie, de nouveaux modèles d’affaires et de nouvelles attentes de la clientèle vont-ils révolutionner notre métier ? Hélas de nombreux avocats craignent-ils tout cela comme chat la pluie. Mais c’est probablement davantage une opportunité – pour tout le monde, avocats et clientèle. Voulez savoir à quelle sauce vous serez mangés ? Éléments de réponse, analyse poussée de 750 pages !, dans « New Suits » – chez Stämpfli – donc beaucoup trop cher… C’est bien mais ce qui est piquant, c’est qu’un livre sur le changement de business model des avocats sorte chez un éditeur dont le propre business model – des prix de livres juridiques exorbitants – est lui aussi en danger. Bilanz et Le Temps ont sorti leur classement annuel des « meilleurs » avocats 2019. Oyez oyez ! Or le résultat est toujours grotesque et frisant l’illicite.
Comme déjà commenté, la méthodologie de l’agence allemande Statista employée à cette fin est inapte à produire des résultats fiables et utiles. Surtout, le classement est ridicule : de par l’effet de nombre, de très bons avocats pratiquant seuls ou en petite structures en sont exclus, et le grands cabinets (votant au surplus les uns pour les autres par des ententes critiquables) sortent nécessairement aux dix premières places, dans un ordre ou désordre inutilisable. A fortiori quand le client ne sait pas à qui s’adresser dans tel ou tel cabinet, ce que le classement ne dit pas. Bref, un scandale et une distorsion de la concurrence qui est probablement contraire au droit. Poubelle. Le Barreau genevois en a non rêvé mais cauchemardé – un Uber ou AirBnB des avocats – les Africains l’ont fait au Zimbabwe !, et plutôt pas mal : mylawbasket.com. Si le continent Africain est l’échelle de leur marché, il y a un potentiel commercial réel – que n’offre pas le marché suisse en termes de financement des coûts de développement d’une interface commerciale viable. Mettre en relation le client et l’avocat – qui ne savent pas comment se trouver – ou offrir les services d’un avocat entièrement en ligne, cela arrivera ici aussi. La question n’est pas si, mais quand. See you soon.