
Avocats : Ma petite entreprise – ou exercer tout seul
L’avocat apprend le droit, puis son « métier » lui-même lors du stage. Il n’apprend pas à gérer une entreprise, même petite. Il exerce en principe une profession libérale c’est à dire seul et avec une organisation commerciale qui se réduit à des frais basiques et un compte d’exploitation également basique. Pas de stock, pas d’usine, pas de salariés nombreux, pas de livraisons. Ce statut date pour l’essentiel du temps où l’avocat exerçait depuis une pièce de son logement, avec au mieux une secrétaire ou un clerc, c’est-à-dire le 19ème siècle. Un avocat a souvent aujourd’hui plusieurs employés, secrétariat, collaborateur(s) et stagiaire(s). De telles pratiques sont encore une profession libérale – mais déjà avec des contraintes de petite entreprise (TVA, assurances sociales, fiscalité, comptabilité, débiteurs, locaux, bibliothèque et abonnements, logistique bureautique et informatique, etc.). L’avocat n’y est certainement pas préparé par ses études et doit se débrouiller sur le tas.
La complexité et les contraintes de l’entreprise croissent avec l’association de plusieurs avocats, quel qu’en soit le mode. Des Etudes commerciales modernes intégrées de 20, 60 ou cent avocats et salariés ne sont assurément plus une profession libérale mais de véritables PME – dans lesquelles les frais généraux tournent globalement aux alentours de 50% des recettes. Pour de nombreux avocats, cela pèse sur le portemonnaie et sur le moral, et la tentation d’aller « solo » traverse fréquemment l’esprit. Plus ou presque plus de loyer, plus d’associés pinailleurs ou radins, un téléphone, un ordinateur, le droit et la jurisprudence en ligne – et le tour est joué. Pas si simple mais 40% de gagnés sur les frais généraux (souvenez-vous de Virtual Law Firm – cf. ce blog du 17 juillet 2008) représentent une augmentation considérable du revenu réel, si le chiffre peut être maintenu en pratiquant seul. Aux Etats-Unis, de nombreux avocats ne sont pas heureux dans de grosses ou moyennes structures où ils se sentent exploités ou sous pression même associés. Et choisissent d’aller solo. Une avocate a créé un portail web MyShingle.com dédié aux avocats pratiquant seul et qui contient une foule d’informations et de conseils intéressants. L’American Bar Association également : SoloSez.net. Cette profession est en train de connaître plus de changement en quelques années qu’elle n’en a connus en cent ans. Et ce n’est pas fini puisque certains prédisent même la fin des avocats…