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Bachar Al-Assad sur Facebook – ou quand les liberticides du monde recourent aux services du monde libre

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Lu dans la presse – Bachar Al-Assad a sa page Facebook sur laquelle a été médiatisée une sortie en public qu’il vient de faire, la première depuis longtemps. Ainsi il a sa page Facebook ! La Présidence d’un pays non-démocratique ne garantissant pas la liberté d’expression a une page Facebook, moyen d’expression créé dans un Etat de droit démocratique garantissant la liberté d’expression, qu’elle utilise comme média et pour sa propagande. C’est tout de même particulier – et alors qu’Internet était davantage vu comme un vecteur des voix des opposants et des libertés face aux régimes ne les accordant pas. Au-delà de ce paradoxe particulier un plus vaste : les acteurs du monde non-démocratique recourent en fait à peu d’exceptions près aux institutions des Etats de droit – quand cela les arrange. Et cela largement sur le thème de « La corde pour les pendre » puisque cela arrange souvent également les acteurs économiques et institutions des Etats de droit. Ainsi les oligarques russes se battent-ils essentiellement et presque tous devant la justice anglaise. La leur est corrompue et aux ordres. Il est piquant qu’ils viennent in fine chercher dans un Etat de droit une sécurité juridique qu’ils ont eux-mêmes minée chez eux. Et tout cela enrichissant à la fois le Royaume, ses banques et ses professions de services – dont les avocats. Les dictateurs ?

Ils choisissent plutôt la Suisse où ils se disputent judiciairement s’agissant des Kazakhs et des Ouzbeks. Ils ont recours comme les russes et autres aux places financières régies par la sécurité du droit et des transactions. Protection que leurs propres systèmes ne leur offrent pas, notamment contre le fait du Prince ou le risque de révolution. La Suisse est contente, l’automobiliste suisse peut faire le plein chez Socar après avoir fait le plein vingt ans chez Tamoil, et tout le monde est content. Même Kim Jong-un a été à l’école en Suisse – apparemment même dans une école publique, mais sans en avoir hélas retenu les vertus politiques et économiques de la société libre et ouverte. Les africains ont eux leurs hôtels particuliers et leurs parcs de supercars à Paris et à Londres – mais la justice les rattrapant petit-à-petit à Paris.

Dans le sitcom actuel sur le secret bancaire, bouc émissaire de l’incurie budgétaire des pays développés, le monde se divise définitivement en deux camps : le monde OCDE dans lequel la transparence fiscale et bancaire devient un dogme, et le monde non-OCDE dans lequel les élites politiques et économiques ont encore trop d’accointances pour cesser de préserver leur usage des systèmes financiers internationaux – à leur propre profit. Ce clivage demeurera tant que ces pays n’auront pas fait eux-mêmes leur mue démocratique. Les pays de la partie régulée du monde trouvant leur propre intérêt économique au statu quo, ils ne les y aideront que très mollement. Pour revenir à Assad et comme il est sur Facebook, qui veut devenir son ami ?