Ce blog, pour diverses raisons, n’a presque jamais traité du Covid. Trop de polémique, de simplisme, d’inconnues. Et au plan juridique, il y avait beaucoup à dire – probablement trop – mais de manière par trop empêtrée dans les polémiques scientifique et politique. Raison pour tenter maintenant d’essayer de dégager quelques constats et enseignements de la crise, mais hors de ces débats qui demeurent ? S’il y en a un à retirer de la pandémie, c’est d’avoir testé les gouvernements, les dirigeants politiques et la société civile à une échelle globale et planétaire inédite.
Le Covid a tout d’abord testé la faculté de réagir à une pandémie. Le constat est celui de réactions multiples et variées, souvent éloignées des plans pandémie existants. La pandémie a révélé les réponses, allant d’autoritaires à consensuelles avec tous les moyens termes, associées à chaque culture, société ou système politique. Elle a révélé un effort scientifique et politique incroyable et lui aussi inédit. Elle a rappelé les tentations totalitaristes que certains activent dès qu’une crise leur en donne l’occasion. Elle a révélé des fractures entre la société civile et les gouvernants, entre les exécutifs et les parlements. Elle a révélé des récupérations politiques partisanes sans grand sens ni fondement. Elle a révélé les adhésions et les défiances vis-à-vis de la science, et de l’information publique et/ou officielle. Elle a divisé les sociétés, les familles, les amis, les gens. Mais aussi généré de la solidarité et du respect, et testé les mécanismes d’adhésion aux règles.
Même énoncé sommairement, cela fait beaucoup. Énormément même. Parce que le Covid touchait à des sentiments viscéraux des personnes et de nos sociétés organisées – la peur, la santé, la foi, la mort, la liberté, le fantasme, l’incompréhension, la soumission à ses autorités ? Cette dernière question importe moins que de dresser l’inventaire et de débattre de ce que la pandémie a testé dans nos organisations sociales. C’est indispensable. Pour l’avenir. Pour comprendre. Pour apprendre. La tâche des historiens et sociologues ? Peut-être d’abord la nôtre et celle des médias.