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De l'(inquiétante ?) orthodoxie des mémoires universitaires des étudiants en droit – et une ineptie de plus de Darius Rochebin avec Jean Ziegler

Recevant de nombreux CV de postulants au stage d’avocat, je reçois avec une proportion de ceux-ci une copie du ou des mémoires rendus au cours de leurs études de droit. Un constat – récemment recoupé et discuté avec un ami professeur au Graduate Institute [1] : leur toujours plus grande et alarmante orthodoxie. Les étudiants apprennent, récitent, soignent recherche et compilation/retranscription, mais sont de plus en plus mainstream, cela y compris au niveau post-grad. C’est-à-dire intellectuellement dociles, convenus, peu aventureux, peu critiques du droit, de la loi, de la jurisprudence, de la société et des institutions. Très protecteurs de ces dernières et du postulat qu’elles sont « bonnes ». Le travail est scolaire, un soin particulier est donné à la présentation et ses standards, et les positions de fond sont résolument celles qui contentent tout le monde. Au niveau du Bachelor et du Master, l’étudiant n’est pas encore diplômé – et peut se sentir dès lors privé du droit, des qualifications pour faire valoir un plein esprit critique. Ne serait-ce même que poser des questions, les soulever, relever les vrais problèmes – il y en a tant même dans un Etat de droit ! Alors que les étudiants ont été les moteurs de nombreuses révolutions dans l’histoire, les étudiants en droit se complaisent aujourd’hui pour beaucoup dans une réconfortante docilité intellectuelle – laquelle est regrettable. L’idée n’est pas d’en faire des rebelles à leur corps défendant ou qu’ils développent des thèses fausses ou fantaisistes par simple esprit de contradiction ou d’indépendance. Mais l’Université n’est pas, dans aucune faculté, une école élémentaire ou un technicum.

Elle est le lieu d’une éducation supérieure à des étudiants déjà titulaires d’une maturité et libres de leurs convictions et de leur esprit critique. Elle doit être un creuset pour l’échange, la controverse, le débat et la contradiction. Ces étudiants doivent aussi être ceux qui demain feront changer la loi et la jurisprudence, les feront évoluer avec le monde, les moeurs, les idées. Rester hors des controverses et ne pas accepter la coexistence ou l’affrontement de thèses parfois même violemment opposées est tout simplement faillir à saisir le réalisme du monde. Et intellectuellement réducteur et dangereux. Même si c’est confortable. Cette notion d’esprit critique et d’évolution des conceptions et sensibilités est particulièrement liée à l’espace temps. Les idées dominantes de demain auront toujours été celles d’abord de quelques uns ayant décelé ou généré le changement. Or demain importe également dans l’étude du droit. Quelque peu en lien avec ce qui précède la dernière ânerie de Darius Rochebin lundi soir au TJ – quand prendra-t-il enfin sa retraite ? Alors que cette révolution est en marche, que c’est l’histoire et que c’est fascinant, s’agissant de demain comme dans la perspective historique des 42 ans de ce régime insoutenable, que ce qui importe est ce qui se passe, sa préoccupation presque jouissive consistait à tenter d’extorquer de Jean Ziegler [2] invité parce qu’il était allé au QG de Khadafi qu’il avait été une erreur de s’intéresser à ou de louer celui-ci. Jean Ziegler est assez grand pour se défendre tout seul mais that was simply not the point et était affligemment short minded. Et s’il en est bien un qui n’est pas full mainstream comme ce présentateur mais a été une bouilloire à idées avec une proportion raisonnable de vues justes à vingt ans de terme, c’est bien lui.