
Et si les mandats de l’exécutif étaient limités à un seul terme ? Les Etats seraient financièrement sains et la Palestine un Etat à la table des Nations
L’idée peut paraître saugrenue. Pourtant. Parfois il faut rêver d’idées saugrenues. La plupart des politiciens ici et là sont des hommes et femmes de carrière. Ce qui présente l’avantage de l’expérience et du cursus, mais l’inconvénient des compromissions, des intérêts propres et de l’électoralisme permanent. Certains progrès résultent de certaines continuités politiques, de la durée nécessaire à certains plans ou accomplissements. Pour autant l’électoralisme, les échéances électorales continues, faussent aujourd’hui l’action de l’exécutif au point que cela en devient permanent et dommageable pour la démocratie dans les systèmes d’alternance. En matière de déficits, les gouvernements européens ont plus ou moins tous échoué à tenir les critères de Maastricht. De gauche comme de droite – au point que ce n’est donc pas une question de doctrine. Mais parce que les tenir signifie couper certaines dépenses, mène à des récriminations sociales et in fine à la perte des prochaines élections. Aux Etats-Unis de même, la réduction du déficit suite au blocage de cet été sur son plafond, et les moyens à mettre en oeuvre, ne seront pas traités par Obama avant l’élection. Ouvertement. S’agissant ces jours-ci de la demande d’adhésion de la Palestine à l’ONU, ces mêmes raisons strictement électorales amènent deux acteurs essentiels du Conseil de sécurité, Obama et Sarkozy, qui sont en campagne, à prendre des positions qui les mettent en contradiction avec le fond du problème et certainement leur sentiment intime.
Les Palestiniens étaient stigmatisés lorsqu’ils avaient recours à la violence. S’en étant défaits pour la voie légitime de l’assemblée des Nations, il leur est rétorqué par Obama et Sarkozy qu’ils doivent d’abord employer la voie bilatérale. Sachant qu’elle ne fonctionne pas – et alors que c’est cette même communauté des Nations qui a créé Israël hors de tout bilatéralisme. Et que c’est cette communauté des Nations qui vote l’intervention en Libye, les sanctions contre la Syrie, etc. Tout cela est désespérant d’incohérence – parce que l’intérêt réel du citoyen, y compris dans la doctrine politique de celui qui est en cause, est régulièrement abandonné à des intérêts électoraux. Mahmoud Abbas a lui eu raison et a été conséquent de ne pas céder et de mettre, de laisser cette question sur la table de la communauté des Nations, à laquelle elle appartient, de la confronter avec le problème qu’elle a créé et ses inconsistances. Et cette démarche est incritiquable. Au plan économique, mais ce qui conditionne l’Etat social et la paix sociale, la faculté de battre la monnaie a faussé au fil du temps la notion même de dette publique. Les gouvernements dirigent d’une manière qui serait illicite pour toute entreprise privée et menant à la faillite. La perte de souveraineté associée à la monnaie unique a ainsi constitué un test dont les critères de Maastricht devaient préserver du péril. A peine dix ans plus tard ce test a été loupé – et cette nouvelle donne de la monnaie unique devant entraîner d’autres réponses que celles du temps de la souveraineté monétaire.
Seule solution donc : que les mandats de l’exécutif ne soient que pour un seul terme. Seule l’absence de nécessités électorales peut amener les gouvernants à faire vraiment ce qui est dans l’intérêt de la population – et conforme à leurs convictions. You have one shot. Don’t spoil it. Utopie hélas ? Ceux qui finiraient leur mandat seraient-ils tentés de compromettre pour favoriser leurs successeurs de leur propre camp ? Le réservoir de politiciens capables et expérimentés s’épuiserait-il trop vite et laissant place à des amateurs ? Ou cela créerait-il des passerelles plus vives et des tournus, des renouvellements profitables, entre les secteurs privé et public ? Et éliminant les apparatchiks qui paralysent les filières politiques jusqu’à l’indigestion – souvent par ambition personnelle, jeux de pouvoirs et de renvois d’ascenseurs (excellent expression de « horsetrading » en politique américaine) ? Cette idée peut paraître saugrenue. Irréaliste. Avoir d’autres défauts. Et certaines décisions de l’exécutif, notamment budgétaires, requièrent l’approbation du législatif. Mais l’idée d’un élu faisant enfin ce qui est bien, mieux, de son devoir, parce qu’il n’a pas à être réélu, ferait tellement de bien. Peut-être que les Etats-Unis, la Grèce, la France et l’Italie seraient budgétairement sains. Et le Proche-Orient en paix et la Palestine déjà un Etat à la table des Nations.