Facebook outil de guerre et de renseignement – et Factchecking politique et journalistique

Posté le 16 septembre, 2015 dans actu / news

Ce blog l’a dit maintes fois : terroristes, dictateurs, rebelles, communistes, fanatiques religieux et compagnie, pas franchement démocrates ni libertaires, utilisent paradoxalement tous les outils de communication du monde libre, laïc et démocrate pour leur prosélytisme et propagande. L’Etat islamique recrute sur Facebook et Twitter, et y expose ses projets, ses actions, ses crimes, ses défaites et ses victoires. Idem dans le conflit au Yemen. Idem pour leurs contacts entre-eux puisque la seule manière de communiquer à distance est aujourd’hui d’employer les réseaux électroniques, Internet (et téléphonie) essentiellement. Mais loin des autorités du monde libre et indépendant d’y mettre fin nonobstant l’horreur ou la réprobation : la vanité, le prosélytisme et la nécessité de communiquer des méchants sur les réseaux constitue un incroyable outil de renseignement gratuit et volontaire. Au même titre que le privé y affiche volontairement sa vie privée. Il s’y trouve bien sûr de l’intox et de la désinformation, certains échanges utilisent la cryptographie, mais toute cette information, même dans la limite de sa fiabilité, est directement exploitable par des parties à des conflits et des services de renseignement. Il serait intéressant ainsi d’étudier ce qu’auraient pu être des conflits classiques dans l’histoire s’il y avait eu les réseaux, et leur impact sur leur durée ou leur épilogue. Autre sujet, les journalistes font la leçon aux politiques par du « Factcheking ». Pas si vite ?

Nouveau dada, les journalistes, ou certains d’entre-eux, aiment désormais prendre les politiques en flagrant délit d’imprécision ou de mensonge sur des données factuelles de leur programme ou doctrine. Fair enough car les politiciens abreuvent de chiffres et pourcentages non-vérifiés ou non-vérifiables, et comme une part d’accommodement avec la vérité fait nécessairement partie de leur dialectique. Rien à redire que la presse – libre et indépendante – les amène à la véracité. Mais la presse elle-même ? Chacun connaissant un domaine qui lit un article sur celui-ci y trouvera des erreurs parfois même graves. Jusqu’à un certain point, un degré de sérieux et une marge d’erreur variables n’empêchent pas la presse de remplir sa mission, et l’information de circuler. Pour autant, en Espagne, une ancienne magistrate a lancé un site de Factchecking pour signaler/dénoncer les erreurs factuelles de la presse. Il n’est donc en principe pas question de discuter des opinions, conclusions ou de droit de réponse, mais de faits. J’aime bien l’idée à vrai dire. Pour son principe. Par ce qu’elle apporte comme contre-pouvoir à celui de la presse – qui peut être dévastateur. Et parce que ce qui est écrit et faux demeure par le numérique quasi-indéfiniment au même titre que ce qui est vrai – et qu’un site pour rectifier officiellement et publiquement ce qui est faux répond donc à un besoin. Il paraît que des associations de journalistes s’y seraient opposés. Si cela est vrai, c’est assez grave.

 

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