Formidable ! Hourrah ! Enfin une action concrète de défense des conditions d’exercice de la profession : l’OdA a obtenu que les avocats puissent couper l’interminable message vocal d’accueil du Parquet qui leur est inutile, et accéder tout de suite à un greffier. Et de remercier chaleureusement le Procureur général de tant de bienveillance et de compréhension. Ce franc succès a fait l’objet d’une communication émue aux membres de l’Ordre et figure sur son site sous communications – une des trois seules de l’année. Je paie au surplus un chocolat chaud chez Arn à quiconque me citera de tête un seul autre exemple de progrès concret obtenu du pouvoir judiciaire par l’Ordre sur ces dernières années. J’attends pour ma part et par exemple depuis x années les dossiers d’instruction sur CD-Rom, comme dans plusieurs pays voisins dont la justice n’est pourtant pas fondamentalement plus moderne, et sur l’espoir de la promesse de la Commission pénale de s’en occupationner. Plus sérieusement, l’Ordre s’est ému auprès du Procureur général et du chef du Département (cf. lettre du 9.9.09) de n’avoir été averti que tardivement du projet de déménagement du futur Parquet au Petit-Lancy, en clair de n’avoir pas été associé à la discussion et d’avoir été mis devant le fait accompli.

Cette situation est regrettable mais il faut dire les choses et elle est symptomatique de la perte d’influence graduelle et constante de l’OdA au cours des dernières années. A force de se concentrer essentiellement sur ses affaires courantes et internes, de n’avoir anticipé aucune des réformes et évolutions de la profession, et de complaisance molle et révérencieuse permanente envers le Palais et le Département, l’OdA s’est progressivement sorti tout seul de son rôle d’interlocuteur fort et nécessaire de tout ce qui touche à l’administration de la justice. C’est un comble pour une profession dont la mission est de défendre et de faire valoir les intérêts des autres, mais je crains fort que la lettre très modestement outrée et pour la galerie du 9 septembre n’y change pas grand chose.

Il y a là deux sujets qui s’imbriquent. Le déménagement du futur Parquet en périphérie est inacceptable comme l’est le fait que le pouvoir judiciaire n’ait pas associé ab initio l’OdA à ces projets de réorganisation nécessaire des locaux. Pas bien pas gentil. Aucun tel projet ne devrait même être envisageable sans avoir été préalablement négocié avec l’Ordre – représentant précisément l’essentiel des avocats du canton. Quant à l’affaiblissement du lobby des avocats, il est anormal compte tenu du poids économique et moral de la profession – mais la résultante directe de plusieurs facteurs : sa posture molle récurrente face à l’Etat, sa structure désuète, l’isolement dans lequel il s’est mis tout seul, et son manque de proactivité et d’affirmation envers l’extérieur et le pouvoir politique au cours de ces dernières législatures (cf. plusieurs évocations sur ce blog). A vues humaines, ce n’est malheureusement pas en train de changer…