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GTA, Pink Panther, Real McCoy, Swiss Fort Knox & Cie

Vieux débat souvent évoqué ici de se demander si la représentation du crime ou du mal dans la fiction les promeut, exalte, expie ou en est l’exutoire. SCOTUS, en annulant [1] le projet de loi de Schwarzie [2] (!) contre les jeux vidéos violents, a rappelé rien moins que la violence littéraire de Machiavel. Sans remonter à Arsène Lupin, Ocean’s Eleven, Twelve et Thirteen ont diverti et fait rêver – le visage paniqué qu’arrive à jouer Al Pacino propriétaire de casino réalisant qu’il perd tout son argent vaut à lui seul le prix du billet. Ces méga-casses technologiques suscitent ainsi l’admiration – même si la réalité est moins drôle et plus réellement brutale, comme le procès à Genève hier d’un membre des Pink Panthers, gang véritable ayant selon ce qui est dit dérobé pour 250 millions d’euros de bijoux en dix ans, qui en a pris neuf en tôle. Gang surnommé ainsi parce qu’un diamant aurait été dissimulé dans un pot de crème cosmétique – comme dans la fiction du même nom. Pour autant les autorités genevoises n’ont voulu prendre aucun risque suite à l’évasion d’un de leurs membres assistés par des complices armés d’armes de guerre dans le canton de Vaud cette année. Le Palais de justice était lourdement gardé aujourd’hui – malgré la population et les collégiens toute la journée dans le périmètre immédiat – quid en cas de fusillade ?

Admiration donc pour les bandits qui ont volé pour 50 millions de bijoux en plein jour dans un avion sur le tarmac de l’aéroport de Bruxelles – c’est du niveau d’Ocean’s Eleven en termes de logistique et de planification. Sourire ému encore (et souvenir ému de Fernand Legros [3]) pour la faussaire qui a refilé des faux Rothkos et Pollocks [4] pour 33 millions de dollars à des galeristes New-Yorkais les ayant revendus à des vaniteux pour 80 ! Rothko et Pollock c’est plus facile à contrefaire tout de même que La Joconde ou l’Origine du Monde. Il a fallu une analyse chronologique des pigments de la peinture pour la confondre – ce qui prouve bien que tout le monde était très content de ses tableaux. A l’heure à laquelle TOUS nos enfants volent des voitures et tuent les passants sur GTA – ce qui nous dépasse – et même si chaque braqueur n’est pas Kim Basinger en justaucorps noir comme dans The Real McCoy, une société suisse apparemment sérieuse a l’air selon sa propre pub tirée tout droit d’un tel film ou pourrait bien se retrouver un jour dans un tel film. Swiss Fort Knox, un nom évocateur et parasitant non seulement le nom du célèbre camp militaire américain abritant leur réserve d’or physique mais aussi l’image du Cervin dans leur logo, vend des coffres forts physiques et numériques dans les anciens abris de l’armée suisse dans nos chères montagnes.

Un coffre fort physique et virtuel sous le Cervin ! Quelle belle pub à l’image bien suisse et solide comme le granit de cette icône. Les étrangers de tous poils ayant des choses à venir planquer sous le Cervin vont adorer. Bonne idée certainement donc – à l’heure où en Suisse l’armée et l’administration fédérale sont de véritables passoires numériques. Peut-être devraient-ils en devenir clients. Et l’infographie du site est digne d’un repaire de méchant dans un James Bond [5] : organisation quasi-militaire, bunker de survie capable de tenir des mois en cas d’attaque chimique ou nucléaire, piste d’atterrissage et héliport à l’extérieur pour les VIP en costumes et lunettes noirs apportant le blé ou les secrets d’Etat, générateurs et souterrains secrets, etc. Franchement, quand j’ai vu la pub dans Denaris puis le site, j’ai cru que c’était une blague ou une caricature. Mais apparemment pas. Danny, tu les connais ?