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Insécurité à Genève – remettre les choses en perspective et quand ce sont les pillards qui la dénoncent !

Le monde est parfois mal fait. Selon Le Temps, la British-Swiss Chamber of Commerce a consacré un de ses business lunches à l’insécurité à Genève. Et d’y aller avec le couplet sur les pickpockets, les cambriolages, les vols dans les voitures, les agressions, etc. Et de mettre en garde sur la perte d’attractivité de Genève – à laquelle les politiques devraient faire attention. Fort bien. Et ces délits, que chacun a hélas à connaître un jour, sont détestables. Ils créent un sentiment désagréable dans la population comme dans les entreprises. Les autorités politiques et de poursuite pénale semblent s’y atteler désormais davantage que dans le passé et c’est tant mieux. Mais il faut tout de même replacer les choses en perspective. Puisque la British-Swiss Chamber of Commerce en a fait le sujet de l’un de ses lunches, il serait intéressant de comparer les statistiques en matière d’insécurité entre Genève et Londres quartier par quartier, et avec d’autres villes anglaises constituant des centres économiques. Un visiteur chinois se fait tirer son sac à Champel ? Bien malheureux – mais pire qu’à Shanghai ? Telle société de trading n’ose plus loger ses visiteurs dans les hôtels des Pâquis ?

Peut-être – mais piquant que ce soient ces sociétés qui relèvent l’insécurité à Genève alors qu’elles bénéficient de régimes fiscaux difficilement justifiables, que seule une portion congrue de leur chiffre est au demeurant fiscalisée, et qu’elles participent à l’appauvrissement des pays en voie de développement de connivence avec leurs dirigeants corrompus et en ayant historiquement fréquemment recouru à des pratiques illicites dont il serait difficile de jurer qu’elles n’ont plus cours. En d’autres termes, s’il est sûrement inadmissible de se faire piquer sa mallette à Champel par un sale voleur qui est au demeurant un pauvre diable, il y a tout de même une hiérarchie des turpitudes – comme celle de piller les ressources du pays de ce pauvre diable ou d’un autre ou de ne contribuer fiscalement que de manière officiellement et officieusement restreinte. Que la Geneva Trading and Shipping Association suggère ainsi que leurs membres ne trouvent plus à Genève ce qu’ils sont venus y chercher n’est pas décent – ou alors révélateur d’une mentalité désagréable. La libre circulation des personnes et des biens est un progrès politique, économique et même philosophique. Imaginer qu’elle ne s’accompagne pas d’une circulation des pauvres et des délits également n’est pas réaliste. Chacun peut la dénoncer et s’en plaindre – mais plus délicat avec les mains pleines de confiture.