De l’origine religieuse de la crise de la dette des Etats européens – Fiscal discipline a reflection of Protestant Ethics and belief

Posté le 19 novembre, 2011 dans actu / news

La crise de la dette en Europe – mais qui rebondira aux Etats-Unis – confronte les gouvernements, mais au-delà de ceux-ci, qui passent, leurs populations, leurs contribuables, qui restent, à une décennie de mauvaise gestion des finances publiques. Quelques considérations interpellent et d’autant que certaines sont curieusement rarement mises en rapport. Les points de départ sont assez simples et bien connus : la création de l’euro était assortie des exigences de contenance des déficits des critères de Maastricht, en lien précisément avec la perte de souveraineté monétaire qu’elle impliquait. Le fait de s’en affranchir y était inhérent – commandant par-là de s’affranchir également des dogmes associés à la souveraineté monétaire et de leurs défauts historiques. Premier enseignement, il n’y a pas de clivage droite-gauche sur la mauvaise maîtrise du budget de l’Etat au sein de l’UE. C’est important parce que le débat politique reste coincé sur des clichés droite-gauche qui ne correspondent pas à la réalité. Ensuite, l’excuse de crises successives et notamment celle de 2008 n’en est pas une. Là où certains estiment que la croissance ne doit pas, ne peut plus être une fin en soi, certains gouvernants estiment que l’admettre signifierait la fin de l’Etat social. Or ils font fausse route. Il ne pourra de fait y avoir de retour à une croissance réelle et régulière avant la résorption de l’endettement public et privé actuel. Leur raisonnement est ancré dans la doctrine traditionnelle du cycle déficit/endettement/création monétaire/inflation. La situation actuelle d’endettement/leverage/taux bas/stagnation en montre les limites et qu’il est philosophiquement dépassé.

Il a ainsi été considéré longtemps que l’Etat pouvait vivre à crédit et dépenser plus qu’il ne gagne en gérant ce report avec de tels instruments. L’impasse actuelle démontre – grâce à la mondialisation notamment – que ce n’est plus vrai. Et avec comme conséquence des taux bas durables qui ne sont pas sains car consacrant une absence de rémunération, de récompense de l’épargne. Et imposant un désendettement concret avec assimilation d’un réaménagement des dépenses de l’Etat, une réduction des prestations et in fine d’apprendre à vivre sinon en décroissance sans croissance et sans le dogme de la croissance. Attendre ainsi un redémarrage et une croissance hypothétique et qui élimineraient mathématiquement une large part de l’endettement des Etats, comme cela a été le cas en certaines occasions, est illusoire. Les conditions dans lesquelles ce serait possible ne sont plus données. Les Etats et les marchés sont sortis de l’enveloppe dans laquelle cela est économiquement possible. Et les lendemains seront durs : hausses d’impôts, baisses des prestations et conflits sociaux avec ceux qui estimeront immanquablement que d’autres doivent payer, faire payer ceux qui échappent à l’impôt par l’économie parallèle – importante dans ces Etats et ce qui alourdit la charge fiscale de ceux qui n’y participent pas, etc.

Ce qui intéresse n’est en fin de compte pas tant ces faits, ces quelques explications résumées sur lesquels des économistes discourent quotidiennement plus savamment même s’ils sont souvent enfermés eux-aussi dans des camps dogmatiques. Mais trois conclusions plus méconnues. Un, à l’heure où les questions religieuses du débat public politique sont essentiellement celles de la laïcité, de son contenu républicain réel, cela dans le cadre de la coexistence entre l’Etat démocratique républicain et l’Islam, cela dans la mondialisation de la prospérité et de l’Etat de droit, la constatation est que les Etats dont les finances sont saines sont essentiellement protestants et du nord. La discipline fiscale est un reflet de l’éthique et des convictions protestantes. De même pour l’esprit d’entreprise et du capitalisme responsable. L’église catholique, quant elle était aux affaires dans l’histoire, a toujours ponctionné au nom de Dieu ce qu’elle dépensait – sans compter. Elle a apporté arts et culture mais aussi une doctrine qui vise l’attente dans autrui, dans Dieu et dans la « manne » religieuse, devenue étatique – et ce dont ces pays vivent aujourd’hui l’héritage. Deux, l’absence de croissance n’a jamais été un problème dans les pays protestants lesquels ne connaissent pas de déficit social par rapport à ceux du sud – au contraire. Trois, la cartellisation des pays incapables de maîtriser leurs déficits et confrontés à la nécessité d’augmenter sans fin la ponction fiscale, et dont le bras prosélyte et armé est sur ce point l’OCDE, n’est donc pas une fatalité et doit être combattue. L’exigence d’harmonisation ne doit pas viser le nivellement vers le haut et doit être indissociable de l’exigence de l’efficience de l’Etat. Curieusement il y a peu de recherche et de correspondances publiées entre la faillite actuelle de certains Etats et leur modèle sociétal religieux historique. Est-ce que parce que c’est une évidence ?

une réponse à “ De l’origine religieuse de la crise de la dette des Etats européens – Fiscal discipline a reflection of Protestant Ethics and belief ”

  1. […] ce blog a posé celle de l’origine socio-religieuse de l’endettement des Etats (cf. ici). La corruption est-elle également liée à de tels facteurs et y a-t-il des clivages […]

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