Après Assad, Poutine – ou Pussy Riot comme dernier indicateur d’une dictature

Posté le 24 juillet, 2012 dans actu / news

Bachar Al-Assad va tomber. Question de jours. Les jours se suivent et se ressemblent pour les dictateurs – même si cela prend du temps. A quoi qualifie-t-on une dictature ? Pour nous autres ayant le privilège (immense) de vivre dans un Etat de droit, l’absence de démocratie, de liberté de parole, de liberté de la presse, d’Etat de droit, d’autonomie du pouvoir judiciaire, sont des critères assez basiques et assez tangibles. Les pouvoir en mains de castes ou de groupes héréditaires ou quasi-héréditaires, les habillages institutionnels pour rester au pouvoir sont également de bons indicateurs. Les violences armées ou policières contre la population sur des bases arbitraires, hors de tout contrôle judiciaire ou incrimination fondée sur le droit, allant jusqu’à la torture et la guerre civile. Ou encore la manipulation du droit pour donner une légitimité formelle à des violations des droits dits fondamentaux. A tous ces critères la Russie qualifie-t-elle de dictature et Poutine de dictateur. Après Assad il sera le prochain. Avant Kim Jong-un – parce que la Corée du Nord n’intéresse personne et que les malheureux coréens sont loin de l’esprit d’ouverture et de la soif de libertés nécessaires pour générer la révolte. Mais Poutine est un dictateur à l’aune d’un ultime critère : que la Russie poursuive et fasse emprisonner un groupe de punk – pour avoir chanté une prière pour qu’il s’en aille.

De telles poursuites sont grotesques et un tel incident un révélateur plus fort encore que la répression de manifestations politiques, les montages législatifs pour conserver indûment le pouvoir ou des poursuites judiciaires aux ordres pour éliminer tel oligarque en disgrâce. Pourquoi cela ? Parce qu’un groupe punk ne fait précisément rien d’autre, comme un écrivain, que de dire et chanter. Qu’il n’est pas un parti ou un rival politique, ou un puissant mafieux ou homme d’affaires. Les filles de Pussy Riot sont en prison – mais créant une mobilisation de plus contre Poutine d’une ampleur presque sans précédent, en Russie comme dans le monde. Personne ne sait ce qu’elles chantent ni ne les a entendues. Mais elles sont un groupe punk muselé et emprisonné sur des bases qui sont le signe d’une dictature – ce qui suffit à les rendre mondialement sympathiques et à leur valoir un soutien planétaire. Sites web, chaîne YouTube dédiée, couverture médiatique mondiale, soutien de groupes rock majeurs – quelle vitrine ! pour avoir fait quoi ? Justifié de quel talent artistique ? Aucun : juste avoir dit leur opinion que Poutine devait partir et avoir estimé posséder le droit de le dire, qui plus est dans une église. Plus fort et plus efficace que tout autre opposant. Poutine n’est pas très rock et sûrement ignore-t-il le nombre de causes que le punk et le rock ont fait irrémédiablement et immensément avancer. God Save The Queen chantaient les uns en ayant le droit de le faire. Marie Mère de Dieu – chasse Poutine ! chantent celles-ci. Et si en plus elles le demandent à Dieu…

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