J’étais enfant et collégien dans les années septante. Mai 68 avait fait avancer certaines choses. La liberté sexuelle était en marche. Le rock rythmait nos vies. Le monde était bipolaire et en guerre froide. La Suisse vivait de ses bras noueux et de sa légende d’avoir détourné les nazis de l’attaquer grâce à sa valeureuse armée. L’écologie pointait son nez et il y avait encore de vrais communistes. En très résumé, y en avait point comme nous et nous vivions heureux dans un monde culturellement et historiquement chrétien, mais fondamentalement laïc. Personne n’était tenu à rien de religieux, la liberté de croyance était consacrée, la séparation était acquise entre l’Eglise et l’Etat. Aucune éducation religieuse n’était obligatoire. Un état de grâce et de paix – après des siècles de guerres de religion et de guerres tout court, et le long combat pour que le vivre ensemble se fasse sur cette neutralité, enseignés en histoire à l’école. L’enfant est un être important parce que neuf. Avec ses perceptions, son libre arbitre, le sens du juste, de la liberté. J’aimais l’histoire – mais que l’on ne m’impose rien en quoi je n’allais croire. Aujourd’hui, j’ai la nausée. Dans chaque journal ou magazine que je lis, chaque jour de l’année, à la télévision et à la radio, des articles, débats, opinions sur la « place » de l’Islam dans la société. Chaque jour, jour après jour. Et aux Etats-Unis des élections impossibles à gagner sans flatter les évangélistes – et des candidats qui prétendent que Dieu leur parle… Et j’en ai plus qu’assez et veux revivre dans un monde libre !!!
Bien sûr l’homme doit vivre avec ses sujets de société – qui font partie de son monde. La faim, le climat, les conflits, les banques centrales irresponsables, le féminisme, l’Etat social, Big Data et son frère Big Brother, la téléréalité, etc. Mais je revendique ma liberté de laïc de pouvoir vivre en paix sans être gavé quotidiennement par la place que l’Islam ou toute autre religion veulent prendre dans mon monde constitutionnellement laïc et républicain. Ca me gonfle grave et c’est grave ! La religion est et a toujours été historiquement un instrument de pouvoir et de régulation sociale par l’accaparement, l’exploitation de l’intangible par certains pour dominer les autres ou gagner leur adhésion. Toute religion est par essence prosélyte – puisqu’elle ne vit que de l’autre. Or ce temps est révolu. Invoquer l’irrationnel pour prétendre à des règles de vie ramène tout droit à la guerre – parce qu’il n’y a pas d’arbitrage possible avec des affirmations de l’intangible. Et dans lequel chacun peut mettre ce qu’il veut en requérant la protection de sa liberté de croyance. Par ce qui en est fait par certains, ce sont finalement Jésus, Allah et autres semblables qui redeviennent, en revenant par la fenêtre, les pires ennemis de notre paix civile. Alors que, comme le disait Will McAvoy [1], He said to heal the sick, feed the hungry, care for the weakest among us, and always pray in private. Vous avez entendu : Always pray in private et fou-tez-nous-tous-la-paix !