Le juge applique le droit. Tout le monde l’aide : l’avocat qui plaide, le professeur qui écrit la doctrine – et les autres juges qui écrivent la jurisprudence. Il a la responsabilité d’être juste et d’appliquer correctement le droit. Mais doit faire avec ce qui est plaidé et conclu. Notamment le fait. Il le retient mais est lié par ce qui est allégué et prouvé. Le professeur étudie le droit et la jurisprudence. Il interprète, commente, explique, donne son avis. Il éclaire le juge et l’avocat. Mais il ne prend pas de risque – sinon intellectuel et selon l’audace de ses positions. Le fait n’est jamais son problème. Il est pour lui toujours donné. L’avocat plaide le droit en s’abreuvant chez les deux autres, dans la doctrine, la jurisprudence. Mais il est confronté outre le droit au fait. Il doit sélectionner, exprimer, fixer le cadre du litige, plaider et conclure. Il prend et assume le risque. Le risque du sort du procès, inhérent au fait de faire juger, et celui de l’erreur, la sienne, celle du juge. Il prend ce risque non abstraitement, pour l’argument, la discussion, mais pour son client, la situation concrète de son client. Ce trio infernal, uni par le droit, est inséparable. Chacun pourtant si différent – et l’ensemble disant le droit. Intéressant ce trio, son fonctionnement, son intimité, ses convergences et divergences. Le juge a été avocat. Un temps. Parfois il l’oublie, parfois s’en souvient. Le professeur l’est ou l’a parfois été, aussi. Le juge et l’avocat écrivent parfois aussi de la doctrine, commentent la jurisprudence. Ont été formés par les professeurs. Mais in fine toujours la même chose. La subsomption. Passer du général au particulier. Appliquer le droit. Régler une situation concrète. L’avocat, le juge et le professeur.