
Le droit au Jihad – et le délire politique, médiatique et judiciaire sur ce sujet
Un français radicalisé parti combattre en Syrie condamné à sept ans de prison – et voilà ce « message répressif fort » relayé par tous les médias du pays. Preuve supplémentaire s’il en fallait que les journalistes sont devenus des hommes-tronc derrière un ordinateur qui copient-collent les dépêches d’agences, plutôt que de faire leur métier. Et leurs médias par-là de simples perroquets plutôt que des créateurs de contenu. La quasi-totalité des médias français a en fait relayé la même dépêche et information lacunaire : impossible d’y trouver l’infraction pour laquelle ce pauvre type a été condamné. Pourtant le message est univoque : c’est un petit délinquant radicalisé, il ne peut être que juste et nécessaire de frapper fort. Il semble, selon un ou deux rares articles un peu plus détaillés, que la condamnation vise des actes terroristes ou préparatoires au terrorisme. Mais sans précisions ni permettre au lecteur de se forger une opinion. Bref, ce sont des dingues – et peu importe les détails : il suffit de dire cette condamnation. Ahurissant toutefois le peu d’intérêt et de précision des médias, et donc des journalistes qui recopient les dépêches d’agence, pour le fond du problème : au-delà de la condamnation, quels actes, quelle infraction, et est-ce que cela est conforme au droit (ce qui ne découle certainement pas d’une seule décision de justice) ?
Entendons-nous bien, ce sont des dingues et faire la guerre parce que Dieu dont on n’a même pas compris les commandements le demanderait, c’est être dingue. Mais l’occident a fait de même pendant mille ans. Toujours est-il qu’aller faire la guerre pour une cause, aussi dingue soit-on, ce n’est pas du terrorisme et c’est son droit. Il est piquant qu’un citoyen puisse commettre une infraction en n’allant pas à la guerre lorsque son pays le lui ordonne, même s’il objecte totalement à la cause ou au principe, et qu’on en condamne d’autres qui veulent aller la faire parce que leurs idées ou leur conscience le leur prêche. Ce sont des dingues radicalisés ? Peut-être – mais c’est leur droit. Comme nous devons, Suisses et Français, à nombreux de nos ancêtres de s’être engagés, en 14-18, dans la guerre d’Espagne, dans la résistance, contre les communistes, etc. etc. Qui décide ainsi qui est un dingue – ou un valeureux qui se bat pour une cause juste ? L’histoire ? Mais c’est souvent trop tard. La justice ? Le droit ne dit pas quelle cause est juste ou non – ce n’est pas son rôle et il doit au contraire consacrer les libertés fondamentales.
Le citoyen ne pourrait-il plus combattre par hypothèse que dans le cadre étatique officiel de son pays de nationalité ? Peut-être que c’est un souhait – mais l’histoire enseigne que la liberté prise par ceux qui se battent pour leurs idées est une réalité et qu’elle a sauvé le monde. Qu’est-ce que c’est que ce blog juridique qui se bat pour les principes fondamentaux – là où les services de sureté des Etats font tout ce qu’ils peuvent pour repérer et entraver ces terroristes en graine ? Un peu de réalisme que diable ! Mais poursuivons les terroristes, les vrais, pas ceux qui veulent simplement aller se battre là-bas, paumés, radicalisés, ou combattants de leur libre conscience religieuse – car c’est leur droit. Et même les terroristes ont des droits – dont celui d’être poursuivis de manière conforme au droit. Comme ce blog l’a souvent écrit, le terme terroriste est galvaudé, déprécié, par la signification fausse et tous azimuts qui lui est donnée. Un rebelle, un idéaliste, un combattant, n’est pas un terroriste. Il ne l’est que si ses actes en font un – au sens strict. Alors médias, faites votre travail convenablement. Et un djihadiste a aussi les droits fondamentaux qui lui donne l’ordre juridique – même si nous le combattons lui et ses idées. La valeur de notre Etat de droit repose sur cela.