
Le rôle croissant des blogs et des court observers dans la science juridique
La blogosphère intrigue, séduit, irrite, décourage voire repousse. Elle est une jungle parce qu’elle n’a pas de plan, pas de cartographie, c’est le Web ouvert et immatériel. Que l’internaute trouve ce qu’il cherche, de liens en liens ou par moteurs, selon ses capacités de navigation. Qu’il est rapidement chronophage de s’y balader et d’en lire des contenus. Et vu une certaine absence de références, parce que la qualité de ce qui s’y trouve n’est pas toujours évaluable facilement. Certains la prennent pour une mine d’or, ce qu’elle est. D’autres refusent totalement de l’ajouter à leur charge – et s’en tiennent à des sources classiques. In fine la culture technique d’un professionnel se composera toujours d’une variété de sources. Mais pourtant, au même titre que les progrès des supports purement techniques aux professions juridiques, que ce blog évoque régulièrement, la blogosphère devient immanquablement une source croissante de contenu pertinent en matière juridique également. Avec ses défis de pouvoir les identifier rapidement et de leur synthèse nécessaire à cette fin (puisque régulièrement des travaux ou développements importants y sont publiés). Parmi ces blogs, outre la multitude de blogs individuels, les court observers.
Le plus important est Scotusblog aux Etats-Unis. C’est une véritable entreprise de dizaine de personnes, avocats et scholars, qui donne une couverture complète et non-officielle de la Cour Suprême. Difficile de ne pas y voir une source essentielle d’informations. Autre exemple plus près de nous et plus modeste les Strasbourg Observers sur la Cour européenne des droits de l’homme. Et en Suisse d’une certaine manière Weblaw qui propose des chroniques de jurisprudence notamment du TF, mais pas très sexy, qui est un service payant et davantage un éditeur. Ou en France les chroniques judiciaires presse comme au Monde, l’agrégateur Village de la Justice ou le très chic très club très français mais bien middle of the road think tank Club des Juristes. Intéressant apport encore, parce qu’avec la crédibilité académique qui y est associée, les blogs de professeurs de droit – essentiellement en l’état aux Etats-Unis encore – comme The Volokh Conspiracy, Crim Prof Blog, Prawfsblog, White Collar Crime Prof Blog. Et le downside qu’ils ont souvent l’histoire longue. Ou des blogs par matière comme le FCPA Blog sur la corruption ou les agrégateurs par matière comme le Legavox français. J’en vois déjà qui se découragent. Pourtant tout y est…
En prolongement de votre billet je viens de découvrir le no 3 de la Revue des Juristes de Sciences Po Paris (http://ajsp.fr/2011/02/numero-3-de-la-revue-des-juristes/) disponible en libre accès qui consacre un article aux blogs juridiques. L’entretien en page 30 sur l’utilisation des nouvelles technologies par les avocats devrait aussi vous intéresser.
Et l’excellent Maître Eolas!
http://maitre-eolas.fr/