Les Pussy Riot au goulag – et pourquoi il est obligatoire de ne pas y être indifférent

Posté le 23 octobre, 2012 dans actu / news

Pensée émue et triste, et indignée aussi, pour ces jeunes femmes qui partent purger leur peine dans les plaines des camps du goulag – de sinistre mémoire. Pourtant je ne suis pas russe, elles n’avaient qu’à pas provoquer les deux pôles principaux et connivents du pouvoir russe, Poutine et l’église, et elles savaient bien que la justice est aux ordres. Et il y a mille pire problèmes dans le monde que le leur – qu’elles ont provoqué. Et pourtant elles l’ont fait et cela en devient notre affaire à tous comme les caricatures – car la liberté d’expression est un droit archi-fondamental, un droit de l’homme, l’un des plus principaux facteurs des progrès de nos sociétés démocratiques et de nos Etats de droit au travers de l’histoire moderne. La liberté d’expression et d’information. La seule arme du pauvre. Celui qui n’a pas de moyens, de leviers, de filiation, d’appartenance sociale ou partisane. La seule arme de celui qui est intelligent et juste – pour en appeler à l’intelligence et à la justesse des autres. Et ce qui comporte de laisser s’exprimer toutes les opinions, l’intelligence des uns n’étant pas celle des autres et vice-versa. La société civile, les médias, les instances internationales, les ONG etc. ont très largement exprimé cette indignation – et c’est bien et ce n’est pas fini. Mais il y a un aspect supplémentaire à cette mascarade.

Aujourd’hui nous devons tous mesurer le désarroi, que montrent bien les photos de ce procès, que ces jeunes femmes ont dû ressentir prises dans les rouages formalistes et d’apparence légaliste d’un système judiciaire brutal, masculin, intellectuellement corrompu et aux ordres – alors que ce qu’elles ont fait est tout simplement un droit selon la Convention Européenne des Droits de l’Homme dont la Russie est pourtant signataire. Ce qui est ainsi frappant et honteux est cet habillage d’une condamnation strictement politique, d’une atteinte grave et intense à la liberté d’expression, en une décision juridique et judiciaire – peut importe le motif ici de « hooliganisme » et « incitation à la haine religieuse ». Dans tous les pays au travers du temps des faits du Prince violant les libertés fondamentales ont été habillés de la caution judiciaire. De tous temps des gouvernants ont voulu légitimer leurs actions illégitimes en les faisant cautionner ou adopter par le pouvoir judiciaire – aux ordres ou connivent. Autre principe clé de la CEDH les libertés ne sont ainsi effectives qui si le juge est indépendant. Les juges russes ayant prononcé ces jugements en première instance et appel sont ainsi la honte du système – parce qu’ils savent lire la CEDH. Et le fait que la Russie n’ait pas encore de juge qui puisse ou qui ose faire respecter la liberté d’expression un marqueur important.

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