- Revolawtion - https://www.revolawtion.ch -

L’incompréhensible dernier faux-pas de Tony Blair – ou l’argent qui corromp vraiment tout

Ainsi Tony Blair va-t-il travailler « pour » le Kazakhstan [1]. Comme consultant et pour x (8 ou 9 semble-t-il) millions de £. Ce dont le Kazakhstan par diverses voix officielles se réjouit avec une certaine médiatisation. Quelle belle caution de respectabilité que d’avoir Tony Blair on board. Mais c’est justement son dernier et incompréhensible faux-pas. Les Etats doivent conserver des relations diplomatiques, politiques, même économiques, avec d’autres Etats dont la situation démocratique ou de gouvernance sont moindres ou problématiques. Avec lesquels ils y a des divergences religieuses, politiques ou sociétales. Avec même des ennemis ou ennemis potentiels. A défaut la diffusion des progrès et des idées, de l’idéal démocratique, la paix et le monde, en pâtiraient. Jusqu’à certains seuils de compromissions aux valeurs fondamentales qui sont divers et fluctuants – mais il y en a tout de même. Or s’agissant du Kazakhstan, le problème est qu’il n’y a pas de différence sémantique entre le dictateur Nazarbaiev et son clan et ceux des Ben Ali, Moubarak et Khadafi au plan du pillage à leur profit des ressources économiques de leur pays et de la violation des libertés fondamentales. Les libertés et notamment d’expression et de la presse y sont bafouées, le régime est autoritaire et non-démocratique, depuis des lustres. Et il y a ainsi népotisme, corruption et embezzlement massifs. Le problème de Tony est que cela ne peut pas être défait et que cette association avec un régime qui est en dessous des seuils est incompréhensible de sa part.

Un dictateur ou un régime – on peut rêver – peut décider d’évoluer dans le bon sens en termes de réformes, de gouvernance, de démocratie. Même si l’histoire prouve que c’est rare et plus souvent destiné à être applicable à ses successeurs si possible devenus ses obligés. Il ne peut toutefois y avoir d’absolution, d’impunité, d’amnistie morale ou juridique, de surcroît fortune faite par pillage et corruption, pour les violations du passé. Il ne faut donc pas s’y tromper : le clan Nazarbaivev verra, devra voir ses fonds gelés et saisis dans le monde et en Suisse, comme ceux des Moubarak, Ben Ali et Khadafi. Et des années de violation du droit, des droits fondamentaux, devront faire l’objet de comptes – même si l’Occident a des intérêts économiques avec le Kazakhstan (les Etats n’ayant pas d’amis mais que des intérêts). Dans les Etats de droit et les sociétés ouvertes, il y a des références. Certains sont des félons notoires ou ayant été condamnés. Certains n’ont jamais été condamnés, ont réussi à passer entre les mailles du filet, mais ce qui se sait. Dans un pays qui n’est pas un Etat de droit, la justice n’est pas indépendante et ne peut poursuivre les gouvernants et leurs cronies. Le cas de l’Egypte et de la Tunisie le montre emblématiquement. De telles poursuites ont explosé dès qu’elles furent possible du fait de la chute du régime.

Il n’y a donc aucun clean bill à tirer pour ces clans ou qui que ce soit de n’être poursuivis, d’être au pouvoir, d’être même institutionnellement à la table des Nations. Ni davantage pour les banques d’accepter leurs avoirs alors que leurs prévarications et crimes sont connus. Les signaler une fois qu’ils auront chuté ne réglant certainement pas leur problème – la provenance des ces avoirs ne devenant pas illicite en fonction de la chute ou non d’un régime. S’associer ainsi à Nazarbaiev, serait-ce même non pour servir de caution mais produire des réformes, demeure below board. Cela revient à tenter de faire d’Al Capone un commerçant honorable fortune faite et page tournée sans qu’il ne soit comptable du passé. It doesn’t fly. Mais que diable vient donc faire Tony Blair dans ce scénario ? Il y a tellement de causes honorables qu’il aurait pu servir du bon côté de la ligne jaune. Décevant.