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MADOFF A L’ECRAN – POUR ENFIN COMPRENDRE ?

L’affaire Madoff est, comme celle de la BCCI [1] il y a vingt ans, un immense laboratoire juridique. Sa lésion primaire est celle, directe et monétaire, de ses victimes. Sa lésion secondaire est, là où tel est le cas, l’échec des tribunaux et de l’ordre juridique à apporter la réponse et la réparation qu’ils devraient. Au Luxembourg la justice est d’une lenteur et d’une inefficacité qui constituent une lésion propre et supplémentaire des victimes. La réponse au fond est défaillante parce que figée sur des fictions et principes qui ne sont pas appropriés dans le cas d’une lésion des investissements dans des véhicules collectifs de placements par la faute de leurs organes et prestataires : dommage indirect se voient-elles rétorquer, et il faudrait ainsi que lesdits organes et prestataires s’attaquent parmi – ce qu’ils ne font naturellement pas, se tenant tous par la barbichette. Le régulateur y est défaillant parce qu’il attend après la justice – meilleure garantie de ne jamais rien faire. Entretemps les gens disparaissent, se découragent, se diluent, et le système – financier et politique – s’est auto-protégé. Le message aux investisseurs est désastreux mais clair : nous ne ferons rien pour vous si certains sont malhonnêtes, vous devez accepter ce risque de malhonnêteté – parce que nous n’en avons ni les moyens ni l’envie et devons protéger le système. Même si c’est injuste et contraire au droit. Et ce qui est une des raisons de la défiance actuelle des investisseurs envers les marchés et leurs opérateurs – qui le paient aujourd’hui. En Suisse ? Ce n’est guère mieux.

Les tribunaux civils ont toujours la même peine à admettre l’existence d’une faute par défaut de point de comparaison et de définition de ce qui serait un comportement diligent. Alors, ce qui est toujours plus facile et moins risqué, ils déboutent les investisseurs. Les autorités de poursuite pénale ne sont toujours pas équipées pour comprendre cette forme de criminalité économique et faire correctement leur travail, et les délais de traitement sont effarants. Le boursier communal qui pique 200’000.- francs ou le pauvre type qui braque un bancomat finissent au trou et avec opprobre. Le comptable de la quincaillerie Dupanloup à Rossens viole la loi s’il ne vérifie pas au moins par sondages les postes de l’inventaire du magasinier. Mais le hedge fund qui ne vérifie pas ses positions-titres chez Madoff s’en tirera toujours. Les prestataires qui traitaient avec Madoff, le vendaient, le vantaient, monétisaient leur accès à celui-ci, qui font perdre des millions et milliards pour avoir volontairement fermé les yeux pour préserver leur rente de situation, s’en tirent toujours. A la faveur de tribunaux qui n’ont pas les clés de lecture et, tout simplement, n’osent. Bis repetita placent depuis les années septante [2], le système se protège ainsi de manière subliminale, soit protégeant le fort, à qui l’on aura toujours affaire, et non le faible, devenu négligeable. Alors faut-il se rabattre sur le visuel ? Comme dans l’enseignement ? ABC vient de publier une mini-série [3] dont voici le trailer [4]. Avec la manière dont la SEC a failli [5] face à Madoff. Et ce qui vaut pour tous les prestataires liés à lui et ne les absous donc au contraire nullement. A voir ou revoir également les clips de « celui qui savait [6] » et devant le Congrès [7] ou encore le documentaire [8]de 2009. Ou alors finalement c’est vieux et tout le monde s’en fout ?