Manichéisme fiscal au diable – et bons baisers des Cayman

Posté le 13 mars, 2015 dans actu / news

Puisque nous sommes dans le fiscal, matière brutale et arbitraire par laquelle l’Etat confisque le produit du travail des autres, pour le bien commun mais sans grand contrôle de sa piètre efficience, quelques bons baisers des Iles Cayman. Où, hélas, je ne viens pas consulter le solde du compte bien garni que je n’y ai pas – mais me reposer trois jours et voir les poissons de toutes les couleurs. A l’heure où HSBC fait le nécessaire exercice de contrition publique de celui qui s’est fait choper, les autres banques rigolent, ou tremblent. Pensez donc la ré-vé-la-tion : 98% de sa clientèle en Suisse n’était pas déclarée il y a dix ans ! L’indignation est risible là où le ratio était identique dans nombre d’autres (et filiales suisses des banques françaises auxquelles curieusement la France ne dit rien). Et la vilaine Suisse ! Risible aussi puisque l’on (a) fait de même à Jersey/Guernsey, aux Bahamas, à Singapour, Hong-Kong, Chypre, Londres, Miami, le Delaware, New-York, Panama, Monaco, etc. etc. Si le postulat de ne pas pénaliser le contribuable honnête en laissant les tricheurs tricher est difficilement contestable au plan manichéen, la réalité donne plutôt la nausée. L’évadé fiscal dont l’épargne et ses revenus échappent à l’impôt est élevé au rang de bandit au pilori mondial. Ce sont des nantis et voler l’Etat c’est voler tout court. Mais les petits commerces et entrepreneurs qui éludent 11 à 20% du PIB dans nos vertueux Etats de droit sont pour l’instant assez tranquilles. Eux, ils font tourner le commerce et assurent des emplois, ils sont plus nombreux et ils votent.

Et les politiques oublient toujours qu’en amont d’une banque qui héberge des avoirs non-déclarés, il y a un contribuable qui prend la décision, à titre primaire, d’éluder un impôt – et les motifs qui président à sa décision. Haro sur les méchants Google, Apple et Starbucks qui ne paient que quelques pour-cent d’impôt ? Là où la PME du coin en paie plus de trente, l’avocat plus de cinquante, et les grandes banques zéro vu les milliards de provisions pour les pertes de leurs bêtises et actes illicites ? C’est en train de changer ? Pas vraiment : le taux d’imposition des entreprises ne veut à vrai dire rien dire tant il est encore loin d’appréhender les bénéfices réels des multinationales. Alors on se prend à rêver. Où est-il encore sûr de planquer son pognon ? Vraiment sûr. Les Etats les pires des listes noires bien pensantes, les plus « non-coopératifs ». Un dernier espace de liberté, de vraie paix et liberté, ce dernier petit espace de liberté qui distingue précisément une société ouverte du totalitarisme. C’est vilain ? L’évasion et la fraude fiscale pervertissent les pays pauvres ? Les rapports Nord-Sud ? Privent les Etats développés de pouvoir distribuer sans compter l’argent de ceux qui bossent à ceux qui votent pour avoir toujours plus de prestations sociales ? Un sticker sur un van d’un plombier du genre vers New-York disait : Work Harder, Many on Welfare depend on You.

A l’heure où les taux ne pourront plus remonter sauf à tuer le monde privé et public, et où ni la croissance ni l’inflation ne pourront donc plus rembourser les dettes des Etats, le seul argent qui reste à prendre pour cela, comme il y a un seuil de résistance tout de même à élever indéfiniment les taux d’impôts directs et indirects, est l’épargne. Fiscalisée – ou non. Soyez prévenus c’est écrit : on va vous prendre votre épargne ! Donc claquez tout, endettez-vous, où planquez-là vraiment. Sachant la corrélation entre chaque point de prélèvements supplémentaires et chaque point de baisse du PIB, il est urgent d’inscrire dans les Constitutions un plafond non pas au déficit, mais aux prélèvements, et de prévoir une clé de calcul fiable et claire de l’agrégat entre les prélèvements directs et indirects. Mais revenons à nos espaces de liberté fiscale. Un site/blog assez amusant semble donner quelques recettes. Est-ce un undercover pour les autorités fiscales ? Les américains font cela parfois. Dans l’intervalle, le débat continue. La justice fiscale, c’est très bien, mais quand ce n’est pas toujours sur le dos des mêmes. Et quand l’Etat diminuera les prélèvements obligatoires de ce qu’il récupérera des évadés, multinationales et mecs qui travaillent au noir. S’il en profite pour grossir encore, alors l’exercice est déficient.

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