
SKI ALPIN : COMMENT ARRÊTER LE MASSACRE ?
A Kitzbuhel, Svindal, Reichelt et Streitberger sont tombés coup sur coup dans le même trou. Saison finie pour Svindal qui menait le classement général. Franz et Scheiber s’étaient blessés pendant la semaine, tous en descente, puis l’italien Razzoli en slalom. Et Ted Ligety à l’entraînement en géant quelques jours plus tard. Puis Marc Berthod en descente. Etc. La FIS l’évoque dans ses news sous forme de pudique injury update sans détails ni conclusions. Le problème est sur la table, connu – mais comment arrêter enfin une fois ce massacre ? En ski alpin, chaque athlète subit en moyenne deux fois pendant sa carrière depuis les juniors une blessure grave avec chirurgie et arrêt de la compétition plusieurs mois, généralement au genou. Un athlète sur trois subit une blessure chaque saison et un sur six qui le prive de compétition un mois au moins. Il faut distinguer les traumatismes liés aux chocs d’une chute en descente et en super-G de ces blessures récurrentes au genou. Il faut encore distinguer les blessures « usuelles » de celles qui ont une cause particulière, e.g. une piste ou un piquetage déficients un jour donné. La cause des blessures usuelles tient toutefois à la conjonction de deux facteurs : a) des neiges très dures, généralement artificielles, pour supporter le passage de dizaines de concurrents et assurer la meilleure régularité de la course ; et b) des skis qui restent paraboliques même si leur rayon a été augmenté, verrouillant le skieur sur un arc sans dérapage ni dissipation d’énergie. Les forces exprimées sur les articulations, même sans chuter, sont au-delà de ce pour quoi le corps humain est conçu. En cas d’écart ou de chute, ces forces augmentent encore et exercent des torsions – causant immanquablement une rupture des ligaments. Le corps n’est pas fait pour encaisser des forces en tonnes liées au déplacement de sa masse à des vitesses que l’humain n’atteint pas sans skier. Ce risque inhérent est-il valablement assumé ? Est-il sportivement, humainement et juridiquement acceptable ? Et comment le restreindre ? … suite